La Société nationale de raffinage (Sonara) parmi les quatre entreprises publiques camerounaises les plus endettées




La dette intérieure de l’unique raffinerie du Cameroun figure parmi celles qui présentent à court terme “le plus gros risque pour le budget”, d’après le FMI. Toujours dans le secteur de l’énergie, situation préoccupante à Electricity Development Corporation (EDC) et à la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP)

 

La Société nationale de raffinage (Sonara), unique raffinerie du Cameroun, et Electricity Development Corporation (EDC) – gestionnaire du patrimoine public dans le secteur de l’électricité – figurent parmi les principales entreprises publiques jugées “financièrement à risque” par le Fonds monétaire international (FMI).

Le Fonds a exploité les états financiers publiés par 27 entreprises publiques en 2016; pour la production, en décembre 2017, de la première revue de l’accord signé avec le Cameroun au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) en juin de l’année dernière.

“Dans la catégorie des dettes à court terme, les quatre entreprises publiques les plus endettées sont la Sonara, la Camtel (opérateur public des télécommunications), le Chantier naval et industriel du Cameroun et le Port autonome de Douala”, révèlent les services du FMI.

Ces quatre sociétés concentrent à elles seules “73%” de l’ensemble de la dette à court terme des entreprises publiques. “Le niveau de la dette à court terme des entreprises publiques, qui est égal à 6 % du PIB, pose le plus gros risque pour le budget”, relève le Fonds.

“Dans la catégorie de la dette à moyen et long terme, les quatre entreprises d’État les plus endettées sont Sonara, Camtel, Camwater (chargée de la mobilisation des ressources financières pour le développement des infrastructures d’eau potable, NDLR) et Electricity Development Corporation, peut-on lire dans la première revue du FEC, rendue publique en janvier 2018 par le FMI.

En plus d’être endettées, deux de ces entreprises (Sonara et EDC), auxquelles il faut ajouter la Société camerounaise des dépôts pétroliers (SCDP), génèrent des “manques à gagner importants” dans le budget de l’Etat. “Les arriérés budgétaires des entreprises publiques (passifs d’impôt) ont augmenté de plus de 1 % du PIB depuis 2013, sous l’effet des arriérés de la Sonara, de la Société camerounaise des dépôts pétroliers et de Electricity Development Corporation, dont les passifs d’impôts ont, dans chaque cas, augmenté de plus de 200 %”, déplore l’institution multilatérale.

Le PIB du Cameroun, en prix courants, en 2017, était projeté à 33,1 milliards de dollars américains dans la base de données du World Economic Outlook (WEO).

Dans la première revue de la FEC conclue avec le Cameroun, le FMI table sur un PIB nominal (au prix du marché) oscillant entre 18 242 milliards de F CFA (environ 34,7 milliards de dollars américains) et 19 810 milliards de F CFA (environ 37,7 milliards de dollars américains), projections de 2017.

En comparaison du PIB, la situation de la Sonara est particulièrement mise en emphase par le FMI.

“Le niveau de la dette des entreprises publiques a sensiblement augmenté en 2016 et atteint 17 % du PIB ( (contre 4 % en 2015), sous l’effet d’une hausse de 290 % de la dette de la Société nationale de raffinage (Sonara) […] la société Sonara a accumulé des arriérés fiscaux de 0,9 % du PIB et détient une dette bancaire de 0,8 % du PIB”.   

La dette de la Société envers ses fournisseurs est par ailleurs équivalente à “0.3 % du PIB”.

Pendant de nombreuses années, la Sonara – détenue à 80% par l’Etat – a pâti des subventions aux carburants à la pompe, qui étaient vendus à un prix administré par le gouvernement, inférieur au coût d’achat, en raison des risques de tension sociale comme cela fut le cas en 2008. En compensation, il était généralement prévu une compensation à la Sonara, qui raffine les deux-tiers des produits pétroliers consommés sur le territoire national. Depuis le second semestre 2014, la Sonara, qui importe du brut léger des pays voisins pour raffinage, a repris un bol d’air avec la baisse des cours du pétrole sur les marchés internationaux.

Le FMI plaide pour un arrêt des subventions à la Sonara, entrevoyant une possible reprise des subventions avec une hausse importante des cours du baril. Le Fonds préconise une répercussion intégrale mais progressive des prix internationaux à travers des mécanismes de lissage des prix.  

Le gouvernement travaillerait actuellement sur une stratégie visant à assurer la viabilité de la structure des prix des produits pétroliers et la viabilité financière de la Sonara.

Le Cameroun compte environ 119 entités et entreprises du secteur public. Plus de 70 % de ces entreprises publiques sont des entités administratives non commerciales chargées d’assurer un service public et les autres sont essentiellement à vocation commerciale et financièrement autonomes.

Sur les 27 entreprises pour lesquelles le FMI a pu consulter les états financiers, il en ressort que la majorité d’entre elles, à l’instar de la Sonara, ne sont pas du tout rentables au vu des indicateurs actuels.  

“Les autorités considèrent 18 entreprises comme étant financièrement à risque. Il ressort de l’analyse financière et de l’évaluation des risques des entreprises publiques annexée à la Loi de finances 2018 que 14 entreprises publiques sont jugées ‘extrêmement peu rentables’, et 4 ‘peu rentables’. En 2016, ces 18 entreprises avaient un ratio dette/actifs de 66 % en moyenne, un ratio de bénéfices d’exploitation (bénéfices/produits d’exploitation) de -48 %, un taux de défaillance moyen (fonds propres/capital social) de -4 % et un ratio salaires/recettes de 100 % (et un ratio salaires/bénéfices d’exploitation de 38 %)”, explique le FMI.

 

 

Reaction(s) :

  1. La situation catastrophique de l’endettement de la SONARA est essentiellement lié à son projet en cours.
    C’est un projet qui a été déclaré non rentable en 2007 à la phase d’études.
    Malgré tout la SONARA a décidé de lancer ce projet essentiellement sur fonds propre, aucune banque crédible n’ayant accepté de s’engager sur du long terme dans une telle aventure.
    Aujourd’hui ce projet dans sa phase 1 est bloquée à 95% depuis belle lurette. Même une fois réalisée et mis en exploitation, il ne faut oublier qu’il ne sera pas rentable puisque selon les chiffres de la SONARA, la marge restera à 33000 FcFa/Tonne, identique à la situation avant les unités. Après avoir dépensé plus de 300 milliards.
    Pour passer à une marge de 55000 Fcfa/Tonne, il faut réaliser la phase 2 dont le budget est estimé à 392 milliards Fcfa.
    Vous pensez qu’avec un tel amateurisme, quel banquier se portera au secours d’une entreprise virtuellement en faillite.
    Il faudrait que les spécialistes nous expliquent ces prouesses de la SONARA à dépenser l’argent qu’il n’a pas.

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