Tous les pays producteurs de pétrole “sont dans le même bateau” (SG Opep)




Face aux “changements majeurs” qui affectent l’industrie du pétrole et du gaz, Mohammad Sanusi Barkindo appelle tous les différents acteurs de l’industrie à travailler ensemble. Explications

 

Le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP), Mohammad Sanusi Barkindo, a appelé, mercredi 13 décembre, les différents acteurs de l’industrie du pétrole et du gaz à travailler ensemble face aux “changements majeurs” qui affectent le secteur.

Depuis fin 2016, les pays membres de l’OPEP et des pays non membres se sont engagés, dans le cadre d’une Déclaration de coopération, à limiter leur production pétrolière pour réguler l’offre excédentaire sur les marchés. Le 30 novembre 2017, l’accord – qui concerne 24 pays comptant pour quelque 60% de l’offre mondiale – a été prorogé jusqu’à la fin de l’année 2018.

“Il n’y a pas de plafond en ce qui concerne le nombre de pays qui peuvent adhérer au forum, à savoir la Déclaration de coopération. L’invitation est ouverte à tous les pays producteurs de pétrole pour nous rejoindre et travailler de manière responsable vers un rééquilibrage des marchés dans l’intérêt de tous”, a indiqué Mohammad Sanusi Barkindo.

“Nous avons cessé d’évoluer dans les silos et réalisé que nous sommes dans le même bateau”, a déclaré le SG de l’Opep à l’ouverture de l’International Energy Executive Forum, le 13 décembre 2017 à Beijing (Chine).

L’événement rassemble régulièrement les acteurs de l’industrie du pétrole et du gaz autour des enjeux mondiaux dans le secteur.

La question du climat

En termes de “changements majeurs” en cours dans l’industrie du pétrole, M. Sanusi Barkindo a notamment évoqué: l’offre excédentaire sur les marchés, l’émergence de nouveaux producteurs d’énergie; l’innovation technologique dans le domaine des énergies renouvelables, des voitures électriques et de l’Internet des objets; le nouveau cadre politique lié aux mesures visant à lutter contre le changement climatique.

Pour illustration, concernant ce dernier point: la veille de la tenue de l’International Energy Executive Forum, la Banque mondiale, l’une des plus importantes banques multilatérales de développement, a annoncé qu’elle ne soutiendrait plus de projets d’exploration pétrolière et gazière dès 2019, excepté des projets favorisant “indéniablement l’accès à l’énergie des pauvres”.

Les énergies fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon) sont présentées comme étant responsables de plus de deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre. D’après l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), il faudrait réduire les investissements et les subventions liées à ces énergies pour limiter la hausse moyenne des températures à 2°C d’ici à 2100, comme convenu dans l’Accord de Paris sur le climat; au risque de dépasser rapidement les 3°C d’ici à la même période.

“L’Opep reste pleinement engagée et favorable à l’Accord de Paris”, assure de son côté le SG de l’OPEP.

Cependant, explique-t-il, “le monde continuera à avoir besoin de toutes les sources d’énergie, en particulier pour les 1,1 milliard de personnes vivant dans les pays en développement, qui souffrent d’une pauvreté énergétique aiguë”

“Les avantages du pétrole ne doivent pas être enlevés à la portée des millions de personnes parmi les plus pauvres et les plus vulnérables du monde”, défend M. Sanusi Barkindo.

C’est une question de justice et d’équité, “le droit des populations vivant dans les pays en développement à accéder à des services énergétiques modernes”, plaide-t-il.

“Il ne faut pas oublier que notre ressource a, tout au long de son histoire, stimulé la croissance économique, le développement, la prospérité et la mobilité sociale”, souligne Mohammad Sanusi Barkindo.

D’après les données présentées à Beijing le 13 décembre, la demande mondiale de pétrole ne serait pas prête de s’essouffler.

Le pétrole et le gaz vont continuer de fournir plus de la moitié des besoins énergétiques mondiaux entre 2016 et 2040; “leur part combinée dans le mix énergétique sera stable, entre 52 et 53%”, a rappelé la SG de l’Opep; citant l’édition 2017 de l’observatoire du marché du pétrole (World Oil Outlook 2017).

Investissements et coopération

Selon le SG de l’Opep, il y a ainsi une nécessité d’avoir “un marché pétrolier durable et stable pour favoriser les investissements sur le long terme; afin d’éviter des déficits d’approvisionnement dans les années à venir, d’où l’intérêt de la déclaration de Coopération”.

En termes d’investissements, le secteur aura besoin de mobiliser 10 500 milliards de dollars pour répondre à l’augmentation prévue de la demande mondiale de pétrole.

Il faut aussi tenir compte des taux de déclin naturel, “qui peuvent atteindre 05% par an”, et qu’il faut compenser. Pour maintenir les niveaux de production actuels, le SG de l’Opep estime que l’industrie pourrait avoir à ajouter jusqu’à 4 mbj chaque année.

D’où la nécessité, selon Mohammed Sanusi Barkindo, pour tous les acteurs de l’énergie de travailler ensemble et d’entretenir de “bonnes relations”, en “partageant les données, les informations et les perspectives”.

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