Cette redevance devant constituer ses principales ressources, l’entreprise publique n’arrive pas à honorer les engagements auprès des créanciers du projet Lom Pangar. Plus de 35 milliards de F CFA demandés à Eneo comme droits d’eau depuis 2016
Au cours de l’exercice 2019, Electricity Development Corporation (EDC) a réalisé un chiffre d’affaires de 9,99 milliards de F CFA, un chiffre jugé toutefois “fictif en l’absence des paiements attendus de la société Eneo” (au titre des droits d’eau), selon la Commission technique de réhabilitation des entreprises du secteur public et parapublic (CTR).
Dans son rapport sur la situation de ces entreprises au 31 décembre 2019, qui tient aussi compte des mises à jour des 10 premiers mois de 2020, la structure du ministère des Finances précise que “le seul opérateur redevable de cette redevance [d’eau] actuellement est la société Eneo qui, au regard des facturations validées depuis la mise en eau effective [du barrage réservoir de Lom Pangar, NDLR] en 2016, présente une dette au 31 décembre 2019 de F CFA 34 569 091 000 hors TVA, qui n’a pas encore fait l’objet d’un quelconque paiement”.
A fin décembre 2020, ce montant oscillait autour de 40 milliards de F CFA, d’après une source officielle à EDC.
La situation expose l’Etat “en tant qu’actionnaire en ce qui concerne les préoccupations de la trésorerie de l’entreprise du fait de la persistance du non reversement de la redevance d’eau par Eneo”, souligne le rapport.
La concession y relative a été signée par EDC avec le ministère de l’Eau et de l’Energie le 07 septembre 2020.
A travers les droits d’eau, l’Etat camerounais vend l’eau des barrages hydroélectriques – perçue comme une source vitale dans le secteur énergétique – sous forme d’une redevance, destinée à EDC pour lui permettre de rembourser les dettes contractées pour certains projets hydroélectriques comme Lom Pangar (financé entre autres par la BAD, la BDEAC, l’AFD, la Banque européenne d’investissement, la Banque mondiale), et de dégager des excédents pour son fonctionnement et ses investissements.
Le barrage réservoir de Lom Pangar, mis en eau au second semestre 2016 et réceptionné en juin 2017, en régulant le débit du fleuve Sanaga en période d’étiage, sature les centrales hydroélectriques de Songloulou (384 MW) et d’Edéa (267 MW), permettant à ces dernières de tourner à pleine puissance. EDC estime qu’Eneo, qui exploite Songloulou et Edéa, réalise d’importantes économies sur l’achat de fuel destiné aux centrales thermiques grâce à Lom Pangar. Le projet Lom Pangar a aussi une composante production d’électricité qui consiste en une centrale de 30 MW – en cours de réalisation – et de lignes associées.
A fin 2019, “le montant échu” d’EDC vis-à-vis des bailleurs de fonds ayant contribué au financement de Lom Pangar, de 9 milliards de F CFA, “n’a pas été réglé par EDC”, précise la CTR dans son rapport rendu public en janvier 2021.
L’instance du Minfi relie cette situation aux difficultés rencontrées par EDC pour obtenir “la principale ressource de la société” qui est “une quote-part de la redevance d’eau ou droits d’eau dus par les opérateurs des ouvrages de production de l’énergie hydroélectrique situés à l’aval des barrages réservoirs, et dont la collecte lui a été confiée”.