Cameroun/Hydroélectricité: EDC obtient le “confort juridique” pour collecter les droits d’eau auprès des producteurs




La société publique en charge du patrimoine de l’Etat dans le secteur de l’électricité a formellement obtenu, le 07 septembre à Yaoundé, la concession de stockage d’eau. Enjeux

 

 

Electricity Development Corporation (EDC), représentée par son directeur général Théodore Nsangou (photo, debout d), et l’Etat camerounais, représenté par le ministre de l’Eau et de l’Energie (Minee) – Gaston Eloundou Essomba (photo, debout, g) -, ont signé, lundi 07 septembre à Yaoundé, la concession de stockage d’eau pour la production d’électricité. 

L’armature juridique est désormais fixée, pour permettre à EDC de gérer sereinement les barrages réservoirs du Cameroun et d’avoir par conséquent accès à la manne des droits d’eau, envisagés depuis la loi du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun. Pour un meilleur fonctionnement du secteur, ladite loi est venue scinder le secteur public de l’électricité – autrefois géré par un seul opérateur – en différents segments : stockage d’eau, production d’électricité (possibilité d’avoir plusieurs producteurs), gestion du réseau de transport (enlevé à Eneo et confié à la Sonatrel) et distribution de l’électricité (possibilité d’avoir plusieurs distributeurs, Eneo restant toutefois encore pour le moment le principal distributeur).

A travers les droits d’eau, l’Etat camerounais vend l’eau des barrages hydroélectriques – perçue comme une source vitale dans le secteur énergétique au même titre que le pétrole – sous forme d’une redevance, destinée à EDC pour lui permettre de rembourser les dettes contractées pour certains projets hydroélectriques comme Lom Pangar (financé entre autres par la BAD et la BDEAC), et de dégager des excédents pour son fonctionnement et ses investissements.

La concession consacre “le principe de rémunération de l’activité de stockage d’eau à travers la redevance d’eau”, a insisté auprès d’Energies-Media une source officielle à EDC. Elle donne le “confort juridique” pour les activités, a commenté cette source.

Avant la signature de la concession le 07 septembre, il convient de rappeler que EDC menait déjà des activités de gestion du stockage d’eau (gestion des barrages réservoirs) et percevait même certains droits d’eau auprès du producteur et distributeur d’électricité Eneo – société avec laquelle la recherche d’un consensus pour un premier paiement fut laborieux… jusqu’en 2019.

EDC estimait par ailleurs avoir déjà les pouvoirs réglementaires pour percevoir les droits d’eau, à la faveur du décret présidentiel du 04 mai 2020 portant réorganisation et fonctionnement de la société. Ledit décret fixait parmi les ressources de la structure une quote-part de la redevance d’eau due par les opérateurs des ouvrages de production électrique.

A travers la concession, EDC a pour mission d’assurer “en permanence l’entretien, la réparation, la maintenance, le renouvellement, la réhabilitation et l’extension de tous les équipements et ouvrages [de stockage d’eau pour la production d’électricité, NDLR] concédés”, a précisé le ministre de l’Eau et de l’Energie.

Barrages réservoirs existants

Les barrages réservoirs ont pour fonction de gérer le débit des cours d’eau dans lesquels ils sont implantés, afin de régulariser et d’optimiser le rendement des centrales électriques situés en aval. 

Une vue du site abritant le barrage réservoir de Lom Pangar, dans la région de l’Est © Energies-media.com

Dans le cadre d’un protocole d’accord signé avec Eneo, EDC gérait déjà, depuis septembre 2015, les barrages réservoirs de Mbakaou (situé dans le département du Djerem, région de l’Adamaoua), Bamendjin (département des Bamboutos, région de l’Ouest) et Mape (département du Noun, région de l’Ouest), construits en amont du bassin de la Sanaga. Ces barrages assurent la régulation du débit du fleuve en période d’étiage (baisse du débit du cours d’eau, souvent en saison sèche), pour la production hydroélectrique des centrales de Songloulou et Edéa.

Avec le barrage de Lom Pangar (dont la construction a été pilotée par EDC dans la région de l’Est), ces ouvrages permettent d’optimiser la production des centrales électriques existantes construites en aval du bassin de la Sanaga; tout en créant des conditions pour l’aménagement de nouveaux sites, à l’instar du projet d’aménagement hydroélectrique Nachtigal (420 MW) qui est en cours. 


Lire aussi: Cameroun/Signature de la concession de stockage d’eau : “un jour exceptionnel” pour EDC (Théodore Nsangou)

La Sanaga n’étant pas l’unique bassin où des ouvrages hydroélectriques sont installés, ou possibles, au Cameroun, EDC voit grand dans l’horizon des opportunités.

L’entreprise publique, qui a reçu en mai 2020 la mission de finaliser et d’exploiter le barrage hydroélectrique de Memve’ele (211 MW), attend une autre concession, celle de la production d’électricité; au risque de soulever des critiques des autres opérateurs sur la diversité des prérogatives d’EDC. Sur le chapitre de la production, l’institution que dirige Théodore Nsangou gèrera, à sa mise en service, la centrale hydroélectrique de 30 MW en construction à Lom Pangar, dans la région de l’Est.

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