De -60,35 milliards de F CFA en 2018, ses capitaux propres sont passés à -167,7 milliards en 2019. Pour la CTR du ministère des finances, la société, dans une “situation de faillite” depuis 2014, a un endettement qui continue de préoccuper
Les capitaux propres (ressources financières propres hors dettes) de la Société nationale de raffinage (Sonara) ont connu une “dégradation” entre 2018 et 2019, passant de -60,35 milliards (environ -92 millions d’euros) à -167,7 milliards de F CFA (-255,5 millions d’euros), révèle le récent rapport de la Commission technique de réhabilitation des entreprises publiques et des établissements publics (CTR) au 31 décembre 2019.
La structure du ministère des Finances (Minfi) rappelle que l’unique raffinerie du Cameroun est en “situation de faillite” depuis 2014, avec des fonds propres inférieurs à la moitié du capital (19,56 milliards de F CFA).
L’incendie survenue au sein des installations de la Sonara à Limbe (Sud-Ouest) en mai 2019, mettant la raffinerie à l’arrêt en attendant sa réhabilitation, est venue aggraver ses indicateurs financiers.
La société est la structure publique la plus endettée du Cameroun. Au 31 décembre 2019, d’après les données publiées dans le rapport de la CTR, sa dette s’élevait à 781 milliards de F CFA dont 196,5 milliards de F CFA de dettes financières, 454,44 milliards de F CFA de dettes à court terme (parmi lesquels 351,97 milliards de F CFA de dettes fournisseurs) et 139,8 milliards de F CFA de dettes bancaires.
Avant l’incendie du 31 mai 2019, la Sonara assurait 80% des besoins du marché national en produits pétroliers à travers le brut léger qu’elle importait et raffinait. Aujourd’hui, la situation ne serait plus identique et la CTR plaide, entre autres mesures, pour “l’approvisionnement effectif du marché national à hauteur de 80% des besoins, pour permettre à l’entreprise de disposer de trésorerie permettant d’apurer sa dette”.
Il est aussi à noter qu’avant l’incendie du 31 mai 2019, la Sonara avait engagé un programme de modernisation et d’augmentation de sa capacité de raffinage (de 2,1 millions de tonnes par an à 3,5 millions de tonnes) qui n’a pas produit les résultats escomptés.
Au chapitre des mesures prises pour la réhabilitation de la raffinerie, selon le ministère de l’Energie, une ligne de soutien de 47,88 F CFA (0,072 euro) a été introduite dans la structure des prix des produits pétroliers au Cameroun pour soutenir la Sonara. La structure des prix des produits pétroliers est un mécanisme administré par l’Etat à travers la Caisse de stabilisation des prix des hydrocarbures (CSPH).
L’actionnariat de la Sonara est réparti entre le Cameroun – via l’Etat (81,95%), la SNH (6,06%), la CSPH (4,22%), la SNI (3,77%) – et Total Outre Mer (4%).