Cameroun/Electricité : la question des tarifs préoccupe le distributeur




Il y a un “déphasage” entre le coût de production de l’électricité et le prix auquel il est vendu, d’après des sources autorisées à Eneo. L’Etat régulièrement obligé de soutenir la consommation de l’électricité fournie par le service public

 

Au Cameroun, les petits ménages (plus de la moitié des clients d’Eneo), qui consomment moins de 110 kilowattheures (kWh) mensuellement, paient 50 FCFA (0,076 euro) par kWh. “En réalité, il coûte 100 FCFA”, ce qui signifie qu’il est vendu “deux fois moins cher”, explique à Energies Media une source autorisée à Eneo, la société chargée du service public de la distribution de l’électricité. 

La “vérité des prix doit être progressivement retrouvée”, affirme cette source. “L’Etat ne peut pas continuer à maintenir sous perfusion un secteur aussi névralgique qu’est-celui de l’électricité”, estime-t-elle. 

Fin mars 2022, au cours d’une conférence de presse, le ministre camerounais de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, avait indiqué que l’Etat avait dépensé en moyenne, entre 2012 et 2022 environ 300 milliards de FCFA (459 millions d’euros) au titre des subventions aux opérateurs d’électricité pour soutenir les prix de l’électricité consommée par les ménages et les industries. 

“Il y a un déphasage entre le coût de l’électricité et le prix auquel il est vendu”, souligne la source à Eneo. 

D’après des données du Minee, le coût de production du kWh d’une centrale thermique à gasoil s’élève à 200 FCFA/kWh, ce qui signifie que pour une telle source d’énergie, l’Etat est contraint de payer 150 FCFA par kWh pour soutenir la consommation des petits ménages. Pour les barrages hydroélectriques toutefois, comme l’énergie attendue de Nachtigal, le prix de production du kWh est en dessous de 50 FCFA. 

La fixation des tarifs est contrôlée au Cameroun par l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel). Gelés depuis 2012, ils ont toutefois été revus début 2024 pour les industriels (les clients branchés sur les lignes moyenne tension) avec une hausse progressive, fixée à 5% par an jusqu’en 2026 pour les clients consommant entre 0 et 3 mégawatts; et 10% par an jusqu’en 2026 pour ceux consommant entre 3 et 10 MW. 

Eneo perçoit une compensation tarifaire de la part de l’Etat, qui permet d’assurer le différentiel entre le prix de vente aux consommateurs et le prix réel du kilowattheure. 

En 2018, Energies Media avait relevé dans un rapport d’Eneo des paramètres conditionnant le réajustement des prix de l’électricité, notamment les investissements des sociétés d’électricité, l’inflation, l’exploitation (charges variables qui évoluent avec la demande, notamment le carburant, les achats d’énergie), le service de la dette et les pénalités.

Au sein de la société, on estime que l’application de la “vérité des prix” devrait toutefois tenir compte de certaines couches défavorisées qui devraient elles continuer à bénéficier de tarifs subventionnés. Les “commerces, entreprises” devraient être parmi ceux qui paient le “vrai prix”.

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