Cameroun: pour ne pas appliquer le prix réel de l’électricité, l’Etat dit dépenser en moyenne 50 millions d’euros par an




C’est le montant présenté par le ministre de l’Eau et de l’Energie, engagé en moyenne annuelle entre 2012 et 2022 au titre de la compensation tarifaire. Sur les 10 ans, cette compensation s’élève à 300 milliards de F CFA (459 millions d’euros)

 

Entre 2012 et 2022, les subventions payées par le gouvernement aux opérateurs d’électricité pour soutenir les prix de l’électricité consommée par les ménages et les industries s’élèvent à environ 300 milliards de F CFA (459 millions d’euros), selon le ministre de l’Eau et de l’Energie. 

Gaston Eloundou Essomba en a fait la déclaration en fin de semaine dernière au cours d’une conférence de presse.

La compensation tarifaire appliquée par le gouvernement couvre une partie des coûts de production (pour des centrales utilisant certaines sources comme le fioul et d’autres combustibles) et de transport de l’électricité. 

“Depuis 2012, les tarifs de l’électricité sont gelés […] A titre d’illustration le coût de production du kWh, d’une centrale thermique à gasoil s’élève à 200 F CFA/kWh à l’exemple des centrales thermiques de Bertoua, Maroua, Banyo, Yoko etc…. Alors que les ménages dont la consommation mensuelle est inférieure à 110 kWh, ne paient que 50 F CFA le kWh, soit une subvention par l’Etat de 150 F CFA/kWh. Il en est de même des industriels raccordés au réseau moyenne tension dont la consommation a été subventionnée à hauteur de 20 milliards F CFA pour l’exercice 2021 au titre de la compensation tarifaire”, a étayé le Minee. 

Le coût de production de l’énergie n’est pas le même selon les sources d’énergie. la société du projet hydroélectrique Nachtigal (420 MW) fournira par exemple l’énergie au distributeur de l’électricité Eneo à un tarif oscillant entre “42-43 F CFA” le kilowattheure. L’entrée en service de la centrale hydroélectrique est prévue en juillet 2024. 

A fin 2020, le concessionnaire de la distribution de l’électricité évaluait la capacité installée du Cameroun à 1 529 MW, dont 1 012 MW gérés par Eneo et le reste par des producteurs indépendants. Plus de 60% de cette énergie provenait des barrages hydroélectriques, et le reste des centrales à gaz et au fioul. Les énergies renouvelables hors grande hydroélectricité, le solaire principalement, représentaient en 2020 environ 0,7% de la capacité installée.

En 2018, Eneo expliquait que les petits ménages qui paient 50 F CFA par kilowattheure devraient déjà payer 80 F CFA si les tarifs n’étaient pas gelés et subventionnés par l’Etat. 

La fixation des tarifs est contrôlée au Cameroun par l’Agence de régulation du secteur de l’électricité (Arsel). Les prix actuellement en vigueur sont ceux arrêtés par l’Agence en juin 2012.

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