Cameroun: face aux difficultés d’Eneo à lever des fonds, l’Etat veut mobiliser 240 milliards de FCFA




Les fonds sont présentés comme une urgence par le gouvernement, en vue de la distribution aux industries et aux ménages de l’énergie du barrage de Nachtigal (420 MW), dont la mise en service complète est attendue en septembre 2024

 

Le ministère de l’Eau et de l’Energie du Cameroun (Minee) a présenté à ses partenaires dont la Banque mondiale, le 08 juin à Yaoundé, un plan d’urgence pour des actions prioritaires dans le secteur de l’électricité. Au cours de cette rencontre, le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Eloundou Essomba, a révélé que la société en charge du service public de la distribution d’électricité, Eneo, n’avait “pas pu mobiliser 210 milliards de FCFA pour la réalisation de ses investissements dans le domaine de la distribution en prélude à l’arrivée de Nachtigal”.

Les 210 milliards de FCFA devaient aider Eneo – société contrôlée à 51% par l’investisseur britannique Actis – à réaliser son programme d’investissement sur les années restant sur la durée de sa concession dans la production, la distribution et la commercialisation de l’énergie électrique au Cameroun (2023 – 2031).

Pour que l’énergie du barrage de Nachtigal (420 MW) puisse donc être évacuée et atteindre les industries et ménages, le Minee a expliqué qu’il était urgent d’investir dans les infrastructures de transit. Le niveau des investissements attendus est évalué à 420 milliards de FCFA (640,5 millions d’euros), montant sur lequel la Banque mondiale s’est engagée à apporter 180 milliards de FCFA, d’après le Minee.

Le gouvernement espère rassembler les fonds en intéressant d’autres institutions financières internationales, à l’instar de la Banque africaine de développement, afin de combler le gap des 240 milliards de FCFA encore nécessaires pour réaliser le plan d’urgence, qui couvre la période 2023 – 2027. 

Rassurer les investisseurs

Avec les difficultés d’Eneo à mobiliser des fonds pour ses investissements dans le réseau de distribution, le gouvernement craint que le barrage de Nachtigal, dont l’exploitation de la première turbine est prévue en décembre 2023 et la mise en service complète en septembre 2024, ne devienne une charge – du fait des difficultés à évacuer l’énergie – avec l’impossibilité d’honorer les engagements envers les créanciers du projet.

La réalisation du projet hydroélectrique Nachtigal a été arrêtée à un coût global de 1,26 milliard d’euros, financé pour près d’un quart par les actionnaires de la société du projet (EDF, SFI, Etat du Cameroun, Africa50, STOA), et pour le reste par des prêteurs: 11 institutions internationales de développement et quatre banques commerciales locales (Société Générale Cameroun, Standard Chartered Bank Cameroon, Attijariwafa SCB Cameroon, BICEC).

Des accords ont été signés pour que l’énergie produite par la centrale de Nachtigal soit cédée par la société du projet (NHPC) au concessionnaire du service public de la production et de la distribution de l’électricité Eneo à un tarif de 0,061 euro par kWh pendant 35 ans.

D’après les indications données par le Minee le 08 juin 2023 à Yaoundé, une fois le barrage de Nachtigal en service, l’Etat fera face à une charge mensuelle de 10 milliards de FCFA (15,25 millions d’euros). Une facture qu’il n’est pas sûr d’honorer dans la situation actuelle. D’où la nécessité de rentabiliser l’ouvrage en s’assurant de la qualité des infrastructures de transport et de distribution de l’énergie; et aussi pour rassurer les investisseurs en vue de la réalisation d’autres projets d’énergie au Cameroun.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *