Grand barrage de la Renaissance éthiopienne: une première turbine de 375 MW en service




Le GERD doit être équipée au total de 13 turbines pour une capacité installée de près de 5 000 mégawatts

 

Après plus de dix ans de travaux et de controverses avec l’Egypte et le Soudan, l’Éthiopie a officiellement lancé le 20 février la production d’électricité de son grand barrage de la Renaissance (GERD), sur le Nil Bleu.

Selon les médias d’État éthiopiens, la capacité initiale du GERD est de l’ordre de 375 MW avec la mise en service d’une première turbine, sur les 13 de l’ensemble du barrage. Une deuxième turbine devrait être mise en marche d’ici quelques mois, et l’ensemble du barrage être pleinement opérationnel en 2024, a indiqué à l’AFP le directeur général du projet Kifle Horo.

C’est « la naissance d’une ère nouvelle », a lancé le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed en présidant le 20 février le lancement de la production du GERD (Grand Ethiopian Renaissance Dam), projet controversé de plusieurs milliards de dollars, a constaté un correspondant de l’AFP. « C’est une bonne nouvelle pour notre continent et pour les pays en aval avec lesquels nous aspirons à travailler ensemble », a-t-il ajouté sur Twitter.

Accompagné de nombreux hauts responsables du pays, Abiy Ahmed a effectué une tournée dans la centrale électrique et a cliqué une série d’interrupteurs sur un écran électronique pour déclencher la production du barrage. « Ce grand barrage a été construit par les Ethiopiens, mais au bénéfice de tous les Africains, pour que tous nos frères et sœurs d’Afrique en profitent », a affirmé un haut responsable participant à l’inauguration. « Cette journée, pour laquelle les Ethiopiens ont tant sacrifié, que les Ethiopiens ont tant espérée, pour laquelle ils ont tant prié, cette journée est enfin là », a-t-il ajouté en présidant la courte cérémonie de lancement.

En l’absence de comptabilité officielle précise, le coût total du projet a été estimé par les experts à 4,2 milliards de dollars (3,7 milliards d’euros).

Litige

Le GERD constitue, depuis le lancement du projet en 2011, un contentieux avec le Soudan et l’Egypte, tous deux tributaires du Nil pour leurs ressources hydrauliques.

Le Caire invoque un « droit historique » sur le fleuve, garanti depuis un traité signé en 1929 entre l’Egypte et le Soudan, alors représenté par le Royaume Uni, puissance coloniale. L’Egypte avait obtenu un droit de veto sur la construction de projets sur le fleuve.

En 1959, après un accord avec Khartoum sur le partage des eaux, l’Egypte s’était attribué un quota de 66% du débit annuel du Nil, contre 22% pour le Soudan. N’étant pas partie prenante de ces accords, l’Ethiopie ne s’est jamais considérée liée par eux et, en 2010, un nouveau traité signé par les pays du bassin du Nil, qui prend sa source en Ouganda, a supprimé le droit de veto égyptien et autorisé des projets d’irrigation et de barrages hydroélectriques. « Comme vous le voyez, cette eau génère de l’énergie puis continue de couler comme avant vers le Soudan et l’Egypte, contrairement aux rumeurs qui affirmaient que les Ethiopiens voulaient bloquer l’eau pour les affamer », a affirmé Abiy Ahmed.

Le ministère égyptien des Affaires étrangères a regretté dimanche que « l’Ethiopie persiste dans ses violations de la Déclaration de principes de 2015 signée » entre les trois pays et prévoyant la recherche d’une solution négociée. Saisie l’été dernier, l’ONU avait recommandé aux trois pays de poursuivre leurs pourparlers sous l’égide de l’Union africaine (UA). Le Caire et Khartoum, inquiets pour leur approvisionnement en eau avaient demandé à Addis-Abeba de stopper le remplissage du barrage.

L’Ethiopie avait néanmoins procédé en juillet dernier à la seconde phase de remplissage du barrage, annoncé comme un des plus gros d’Afrique avec un objectif de puissance initiale de 6 500 mégawatts, revu à la baisse à 5 150 MW. Addis-Abeba affirme que le barrage est essentiel pour son développement et lui permettra de distribuer de l’électricité à ses plus de 110 millions d’habitants.

Le GERD est officiellement terminé à 84% en ce deuxième mois de 2021.

Le barrage est construit sur le Nil bleu dans l’Etat régional éthiopien de Benishangul-Gumuz, à une trentaine de kilomètres de la frontière soudanaise, et sa capacité totale de rétention d’eau s’élève à 74 milliards de mètres cubes. Le Grand barrage de la Renaissance est long de 1,8 kilomètre et haut de 145 mètres.

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