Un rapport de l’Organisation des Nations unies présenté mardi, 12 mars, soutient que l’extraction et la production de matières premières, de combustibles et de nourriture contribuent à la moitié des émissions de gaz à effet de serre dans le monde
L’extraction et la production de matières premières, de combustibles et de nourriture contribuent à la moitié des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, selon un rapport de l’ONU, qui appelle à des réformes majeures de l’économie.
Utilisant des dizaines de sources de données, les auteurs ont présenté mardi, 12 mars, aux décideurs et chefs d’entreprises réunis à Nairobi pour l’Assemblée générale du Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) une alternative radicale : réformer drastiquement l’économie mondiale pour produire mieux avec moins ou risquer un effondrement du système mondial.
Malgré les engagements à réduire les émissions pris par les signataires de l’accord de Paris sur le climat (COP21), il y a peu d’espoir de parvenir à limiter le réchauffement à + 2°C, encore moins à + 1,5°C, sans une « transformation urgente et généralisée », selon les experts.
Le rapport estime que la consommation de matières premières comme les minerais, l’eau et les énergies fossiles a triplé depuis 1990. Alors que les économies de pays très peuplés comme la Chine et l’Inde sont en croissance, les responsables de ce rapport appellent à une refonte radicale de ce qui alimente cette croissance.
« Personne ne dit que les pays qui sont moins développés ne devraient pas avoir le droit de se développer », a noté l’un d’entre eux, Janez Potocnik. « La question est : est-il possible de faire différemment, avec moins de conséquences que ce que nous voyons aujourd’hui? ».
L’exploitation des ressources est évidemment tirée par une demande croissante de la part d’une population mondiale qui tend vers les 8 milliards d’individus.
L’utilisation des énergies fossiles a ainsi augmenté de 6 milliards de tonnes en 1970 à 15 milliards en 2017, malgré les efforts pour une transition vers des énergies plus vertes. « Le mauvais usage des ressources naturelles a eu un impact important sur notre qualité de vie et sur l’environnement », a constaté Bruno Orbel, ancien ministre suisse de l’Environnement, également coauteur du rapport.
Le texte souligne aussi que la consommation par habitant de matières brutes est deux fois plus élevée dans les pays riches que pour la moyenne mondiale. Dans les pays développés, la consommation est de 27,1 tonnes par tête et par an contre 2 tonnes dans les pays pauvres.
Il met sur la table un scénario vers une situation « durable » qui passerait par des mesures pour ralentir la croissance de l’utilisation des ressources, réduisant la pression sur l’approvisionnement en eau et en nourriture et permettant une croissance mondiale de 8%.
À l’inverse, les projections en cas de poursuite des tendances actuelles prédisent une hausse des émissions de gaz à effet de serre de 43% d’ici à 2060. « Si vous êtes au pouvoir, défendez l’intérêt général. Et l’intérêt général est clair aujourd’hui : nous devons survivre », a insisté Potocnik.