La filiale d’Actis pointe la difficulté du gestionnaire du réseau de transport à remettre à service deux lignes en défaut tandis que ce dernier soulève des problèmes de fonctionnement au barrage de Songloulou géré par Eneo
Les coupures d’électricité survenues dans plusieurs quartiers des deux capitales du Cameroun (Yaoundé et Douala) au courant de la dernière semaine du mois de janvier sont imputables au gestionnaire du réseau de transport, selon Eneo. La Sonatrel, tout en reconnaissant un problème sur une ligne de transport, implique toutefois de manière indirecte Eneo, d’après un communiqué lu à la radio publique nationale lundi 1er février en soirée.
“En date du lundi 25 janvier 2021 vers 11h, un déclenchement de la ligne 225 kV Songloulou – Logbaba a entraîné le retrait des groupes de la centrale hydroélectrique de Songloulou et un effondrement du réseau. La reprise tardive des charges sur le réseau est tributaire de la faible réactivité des huit groupes du barrage de Songloulou qui ont peiné à recoupler pendant près de deux heures, au terme desquelles le réseau de transport a été remis en service et fonctionne normalement”, relève le communiqué signé par le directeur général de la Sonatrel, Victor Mbemi Nyaknga.
Le barrage de Songloulou, l’un des principaux aménagements hydroélectriques du Cameroun, avec une puissance installée de 384 MW, a été construit sur le fleuve Sanaga entre 1976 et 1981. Il alimente le Réseau interconnecté Sud (RIS), qui dessert six des dix régions du Cameroun (Centre, Littoral, Ouest, Sud, Sud-Ouest, Nord-Ouest). L’infrastructure est exploitée par Eneo, qui a aussi l’obligation de veiller à sa maintenance. La société y conduit actuellement un programme de réhabilitation.
La version de la Sonatrel, à propos de Songloulou, comporte des différences avec celle publiée par Eneo et relayée par la presse publique. Concessionnaire de la production et de la distribution d’électricité au Cameroun, la filiale de l’investisseur britannique Actis a indiqué que la desserte en électricité a été perturbée à cause d’une “succession d’arrêts des lignes de transport Songloulou-Logbaba et Mangombé-Logbaba”. Pour ce qui concerne le barrage, Eneo explique notamment que les “essais infructueux” de remise en service menées par la Sonatrel sur les lignes concernées ont créé “des dysfonctionnements dans les centrales de production, entraînant un retard dans la reprise de service et un déficit de production à Songloulou dans la soirée du 25 janvier”.
Avant 2018, le réseau de transport d’électricité au Cameroun était géré par Eneo. La Sonatrel, société publique, a signé ses concessions en avril 2018 et débuté ses activités en 2019.
Pour Victor Mbemi Nyaknga, “d’importants travaux de réhabilitation” sont actuellement engagés par la société sur le réseau de transport – privatisé depuis 2001 jusqu’à la mise en place de la Sonatrel – avec le soutien de bailleurs de fonds internationaux dont la Banque Mondiale. Dans son communiqué du 1er février, le DG de la Sonatrel invite Eneo à “aménager son réseau” (de distribution) pour “satisfaire le maximum de clients possibles” avec ces infrastructures nouvelles en réalisation.
