Le Soudan du Sud affecté par la rupture d’un pipeline au Soudan, à cause de la guerre




Une « rupture majeure » a été constatée sur un oléoduc dans une zone d’opérations militaires du conflit au Soudan, qui oppose l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane aux Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohammed Hamdane Daglo. Cet épisode vient ébranler le fragile équilibre du Soudan du Sud, qui exporte son pétrole brut via le Soudan et dont le secteur pétrolier contribue à 90% de ses revenus

 

La nouvelle a filtré avec la révélation d’un courrier daté du 16 mars adressé par le ministre soudanais de l’Énergie et du Pétrole à ses partenaires chinois et malaisien, annonçant qu’« une rupture majeure » avait été constatée dans l’oléoduc transportant du pétrole brut depuis le Soudan du Sud jusqu’à la ville soudanaise de Port-Soudan.

Cette « rupture », qui remonte à février, a eu lieu dans une « zone d’opérations militaires » du conflit qui oppose depuis le 15 avril 2023 l’armée du général Abdel Fattah al-Burhane aux Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) du général Mohammed Hamdane Daglo, précise la lettre consultée par l’AFP.

« La résolution de ces problèmes est compliquée par les conditions de guerre actuelles » et « en tant que tel, le gouvernement du Soudan déclare un cas de force majeure qui nous empêche de remplir notre obligation de livrer du pétrole brut dans et via » l’oléoduc, concluait le ministre.

La « force majeure » consiste en une circonstance exceptionnelle, étrangère à la personne touchée, qui l’empêche d’honorer un contrat.

Le gouvernement sud-soudanais est jusqu’à présent resté silencieux sur cet épisode, qui vient pourtant ébranler le fragile équilibre du pays. Le secteur pétrolier contribue à 90% de ses revenus et représente quasiment l’intégralité de ses exportations, selon la Banque mondiale.

Mardi 26 mars, le député Boutros Magaya, chef de la sous-commission parlementaire sur le pétrole, a sonné l’alarme. « Nous sommes confrontés à une crise économique imminente à la suite de la récente déclaration de force majeure et l’arrêt de l’oléoduc par le gouvernement soudanais », a-t-il alerté dans un communiqué, faisant état d’informations indiquant que « cette fermeture pourrait s’étendre sur une période d’un an ».

« Avec la perte de la majorité de notre revenu national, nous sommes confrontés à la sombre perspective d’un désastre humanitaire, d’une instabilité politique et de troubles de la sécurité dans notre État déjà fragile », ajoute-t-il.

Selon M. Magaya, la perte pourrait s’élever à au moins 100 millions de dollars par mois (92 millions d’euros). « Cela entraînera d’importantes pertes de revenus, une augmentation des prix du marché, des pénuries de carburant, des pannes d’électricité prolongées, des perturbations dans les transports et d’autres services essentiels vitaux pour le bien-être de nos citoyens », insiste-t-il.

Cela pourrait également mener à une dépréciation de la monnaie, la livre sud-soudanaise, souligne le directeur du département d’économie de l’Université de Juba, Akol Maduok: « La situation va s’aggraver dans les deux ou trois prochains mois parce que la banque centrale pourrait manquer de réserves de change et ne pas être en mesure d’approvisionner le marché en devises fortes ».

Cet épisode est une nouvelle conséquence du conflit chez le voisin soudanais, qui a fait des milliers de morts et contraint huit millions de personnes à fuir depuis un an.

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