L’ONG allemande Sign of Hope estime que ces quantités résultent de fuites massives causées par ce pipeline « délabré »
Un oléoduc stratégique au Soudan du Sud a subi en 2019 au moins deux graves fuites, s’est inquiétée le 25 février l’ONG allemande Sign of Hope, appelant les autorités à le fermer pour éviter de nouvelles pollutions.
L’ONG, qui étudie depuis des années les effets de la pollution provoquée dans le pays par l’exploitation pétrolière, a précisé dans un rapport avoir utilisé des images satellite pour détecter ces deux fuites, dont une seule avait été annoncée par les autorités.
La première, il y a environ cinq mois, près de Rubkona, dans le nord du pays, avait laissé échapper l’équivalent de 2 000 barils de brut dans la nature, selon les déclarations à l’époque du ministre du pétrole Awou Daniel Chuang. Mais l’ONG juge cette estimation irréaliste, compte tenu des « fuites massives dans toutes les directions » observées par satellite et considère qu’il s’agit plutôt de l’équivalent de 12 500 barils, ou deux millions de litres, qui se sont répandus et ont pollué l’eau.
Sign of Hope a également affirmé avoir découvert une seconde fuite, deux fois plus importante – l’équivalent de 25 000 barils – qui n’avait été signalée ni par le gouvernement ni par les compagnies pétrolières, à 6,5 km de la précédente. « Le principal oléoduc pour l’exportation au Soudan du Sud est délabré. C’est la raison pour laquelle il connaît des ruptures, qui provoquent des fuites massives de pétrole », a affirmé l’ONG. Elle a appelé le gouvernement et le consortium de sociétés chinoise, malaisienne, indienne et sud-soudanaise contrôlant l’exploitation pétrolière dans cette région à « fermer immédiatement cet oléoduc délabré » et à nettoyer les dégâts qu’il a causés.
Sollicité par l’AFP, le ministère sud-soudanais du pétrole n’a pu être joint.
Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013, mais un nouveau gouvernement d’union est en cours de formation depuis la mi-février, en application d’un accord de paix signé en septembre 2018.
Depuis la signature de cet accord, la production est passée de 135 000 à 178 000 barils de brut par jour, contre 350 000 b/j au plus fort de la production avant la guerre. Des défenseurs de l’environnement ont depuis longtemps alerté sur les conséquences pour la population et l’environnement de fuites dans les installations pétrolières du nord du pays, en partie détruites et laissées à l’abandon pendant plusieurs années en raison de la guerre civile.
En 2015, après avoir mené pendant six ans des recherches hydrologiques dans l’Etat d’Unité, à environ 500 km au nord de la capitale Juba, Sign of Hope avait établi un « lien direct » entre l’exploitation pétrolière et la contamination des nappes phréatiques.