Nigeria/Bloc OPL-245: la justice italienne se prononce le 03 février sur de nouvelles pièces du procès d’Eni et Shell




Les procureurs ont demandé au tribunal d’admettre des courriels provenant des autorités britanniques et concernant la banque JPMorgan

 

 

Le ministère public a demandé, mercredi 20 janvier, au tribunal de Milan qui suit le procès d’Eni et Shell pour l’achat litigieux des droits d’exploration du bloc offshore OPL-245 au Nigeria, d’accepter l’ajout de deux courriels aux pièces du dossier.

Il s’agit de deux courriels envoyés à l’Italie par les autorités britanniques et émanant de la banque JPMorgan Chase dans le cadre d’une autre affaire à initiée à Londres par le gouvernement nigérian et réclamant à la banque plus de 1,7 milliard de dollars pour son rôle dans l’opération.

L’un des mails est un courriel envoyé par l’ancien procureur nigérian Mohammed Adoke Bello à JPMorgan à partir de l’adresse email d’une société appartenant à Aliyu Abubakar; un acteur du secteur des hydrocarbures nigérian que les procureurs accusent d’avoir payé 500 millions de dollars en espèces dans le cadre d’un pot-de-vin, sur la résolution des différends liés au contrat.

Les procureurs ont déclaré qu’il était important d’établir la relation entre les deux. Le procès d’Abubakar est prévu dans les semaines à venir à Milan.

L’autre email consulté par Reuters porte sur des échanges de deux responsables de JPMorgan, exprimant des doutes sur le transfert de 1,1 milliard de dollars sur deux comptes dans des banques nigérianes.

Le tribunal a jugé les courriels importants car montrant des doutes de la banque sur le transfert, dont l’exécution avait été refusée par un organe de crédit suisse et un libanais.

Le tribunal de Milan se prononcera le 03 février s’il admet ou non les documents.

Historique

La justice italienne a ouvert le procès des géants des hydrocarbures italien Eni et anglo-néerlandais Shell en mai 2018, sur des soupçons de corruption lors de l’acquisition en 2011 du bloc OPL-245, situé à environ 150 km au large du delta du Niger.

Le champ OPL-245, qui appartenait à Malabu Oil & Gas – société de l’ancien ministre du Pétrole nigérian Duazia Louya Etete (connu sous le nom Dan Etete) – avait été vendu aux groupes anglo-néerlandais Shell et italien Eni à 1,3 milliard de dollars. Les soupçons qui ont conduit à l’ouverture d’enquêtes judiciaires au Nigeria, en Italie et aux Pays-Bas, portent sur le fait que le prix de cession de la licence aurait été sous-évaluée et que, par ailleurs, plus d’un milliard de dollars versés par les deux compagnies auraient été des pots-de-vin.

Ancien ministre du pétrole, Dan Etete s’était attribué ce bloc en 1998, en le vendant à Malabu, une société qu’il détenait secrètement. Au début des années 2010, le gouvernement avait repris les négociations autour de ce bloc et pour clore les différends autour, avait convenu un accord avec Malabu.

L’accord s’est traduit par le versement de 1,1 milliard de dollars sur un compte à Londres ouvert par les responsables gouvernementaux – et allant directement à Etete – et de 210 millions de dollars au gouvernement.

Shell et Eni se défendent d’avoir mené une transaction légale tandis qu’il est reproché aux deux majors qu’elles ne pouvaient pas ignorer que les sommes versées ne devaient pas bénéficier au gouvernement.

Mohamed Adoke, ancien procureur général et ministre de la Justice du Nigeria (2010 – 2015), a été interpellé en décembre 2019 au Nigeria, puis inculpé. Il est soupçonné d’avoir bénéficié de pots-de-vin pour avoir facilité la transaction. Adoke a plaidé non coupable de toutes les accusations.

Le verdict de l’affaire, au niveau de la justice italienne, est attendu fin mars. 

Les procureurs demandent des peines d’emprisonnement pour les personnalités accusées dans l’affaire – dont le PDG d’Eni Claudio Descalzi – et des amendes pour les deux compagnies pétrolières.

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