Libye: les populations vivent au rythme des coupures d’électricité depuis la chute de Mouammar Kadhafi




Les coupures d’électricité « durent souvent plus de 10 heures par jour », confie une habitante de la capitale Tripoli. Ces coupures de courant imprévisibles rythment le quotidien des Libyens depuis 2011

 

De jour comme de nuit, les Tripolitains envahissent plages et espaces publics ombragés, à la recherche d’un peu de fraîcheur.

« Comme d’habitude, l’été est difficile en Libye mais la chaleur est encore plus insupportable à cause des coupures d’électricité, qui durent souvent plus de 10 heures par jour », explique une habitante de la capitale Tripoli.

Ces coupures de courant imprévisibles, y compris dans leur durée, rythment le quotidien des Libyens depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011.

A cela s’ajoutent les pénuries de carburant et d’argent liquide, en plus d’une hausse vertigineuse des prix.

L’anarchie régnant dans le pays, les trafics de toutes sortes et la contrebande transfrontalière de marchandises subventionnées ont engendré des pénuries qui se répercutent sur le pouvoir d’achat des familles, peinant à joindre les deux bouts.

Le prix du pain, aliment de base traditionnellement peu cher, a quadruplé en moins d’un mois.

Et c’est la capitale Tripoli, la ville la plus densément peuplée avec près de 2,5 millions d’habitants – auxquels s’ajoutent les populations déplacées des zones de conflit – qui souffre le plus de ces pénuries, même si celles-ci affectent toutes les régions du pays.

Certaines villes de l’ouest libyen refusent de « partager » le fardeau des coupures de courant, chacune ayant ses propres milices empêchant, souvent manu militari, les centres locaux de la compagnie générale libyenne d’électricité (Gecol) de procéder à des rationnements.

Cette semaine, la Gecol a mis en garde contre un black-out total après des combats entre milices dans la banlieue sud de Tripoli qui ont endommagé le réseau de distribution d’électricité.

Pour Amal Khayri, professeur d’université à Tripoli, les pénuries ont contraint les Libyens à recourir au « système D », en installant des groupes électrogènes ou en forant des puits dans leurs maisons pour se prémunir des coupures d’eau.

« De nombreux Libyens achètent des générateurs, souvent très chers, pas assez puissants et de mauvaise qualité (…), puis commencent les aller-retour pour les réparations », dit-elle.

Les malheurs des uns font le bonheur des autres. Ventes et réparations des générateurs sont devenus depuis quelques années des commerces lucratifs.

Cette crise a généré des emplois, même précaires, explique Abdallah al-Werfalli, un électrotechnicien qui répare les générateurs.

« C’est ainsi que j’ai pu subvenir aux besoins de ma famille », dit-il.

Toutes ces pénuries illustrent l’échec des autorités de transition successives, dont l’actuel gouvernement d’union nationale (GNA) appuyé par l’ONU, à améliorer le quotidien de la population dans ce pays plongé dans l’insécurité et l’instabilité depuis plus de sept ans.

Pour beaucoup de Libyens, il serait « illusoire maintenant de parler d’élections », auxquelles appelle la communauté internationale, avant l’amélioration des services publics et des conditions de vie.

Pourtant riche en hydrocarbures, la Libye produit actuellement au maximum 5 500 mégawatts (MW) alors que la consommation journalière dépasse 7 500 MW.

Les raisons de ce déficit « sont multiples », explique Mohamad al-Tekouri, du bureau de la communication de la Gecol.

« Nous rencontrons des difficultés, surtout pendant le pic (de consommation) estival (…), mais c’est aussi une conséquence de l’insécurité », déclare M. Tekouri à l’AFP.

Le directeur exécutif de la compagnie, Ali Sassi, a déploré de son côté l’arrêt de plusieurs projets en raison du départ des compagnies étrangères après des violences.

Depuis 2011, « 450 véhicules ont été volés » à la Gecol, regrette-t-il.

Projets à l’arrêt, vandalisme, vol, gaspillage: la Gecol ne sait plus ou donner la tête, jure M. Tekouri.

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