COP28: accord pour une transition progressive dans les systèmes énergétiques hors des énergies fossiles




Le texte adopté par consensus, sans qu’aucun des 194 pays ni l’Union européenne n’objecte, est un compromis imparfait, ont noté de nombreux délégués et ONG

 

Pour la première fois, les pays du monde entier ont approuvé, le 13 décembre, lors de la 28e conférence sur climat de l’ONU à Dubaï un compromis historique ouvrant la voie à l’abandon progressif des énergies fossiles causant le réchauffement, malgré les nombreuses concessions faites aux pays riches en pétrole et en gaz.

Dans le texte de 21 pages, le 28e paragraphe, sur 196, appelle à « transitionner hors des énergies fossiles dans les systèmes énergétiques, d’une manière juste, ordonnée et équitable, en accélérant l’action dans cette décennie cruciale, afin d’atteindre la neutralité carbone en 2050 conformément aux préconisations scientifiques ».

« Nous avons une formulation sur les énergies fossiles dans l’accord final, pour la première fois », s’est félicité Sultan Al Jaber, président émirati de la COP28, qui avait été contesté ces derniers mois en raison de sa direction de la compagnie pétrolière des Emirats arabes unis, Adnoc.

La transition concerne donc l’énergie, et non d’autres secteurs comme la pétrochimie. Mais l’appel à agir dès la décennie en cours était une exigence de l’Union européenne.

En choisissant le terme de « transitioning away » (« transitionner hors de« , « s’éloigner », « abandonner » selon les traductions possibles en français), le texte ne parle plus de « phase-out » (« sortie ») du pétrole, du gaz et du charbon, un terme devenu depuis des mois la bannière derrière laquelle s’étaient ralliés plus d’une centaine de pays et des milliers d’ONG.

Une source proche de la présidence émiratie raconte que le texte a été finement « calibré » pour éviter, notamment, un blocage de l’Arabie saoudite. Mais tout en laissant suffisamment d’ambiguïté dans les formulations pour que chacun y trouve son compte…

Il aura fallu près de 30 ans de COP pour « arriver au début de la fin des énergies fossiles », a applaudi le commissaire européen au Climat, Wopke Hoekstra.

Le texte adopté par consensus, sans qu’aucun des 194 pays ni l’Union européenne n’objecte, est un compromis imparfait, ont noté de nombreux délégués et ONG. Il n’appelle pas directement à la sortie des énergies fossiles, décevant la centaine de pays qui l’exigeaient. Et il inclut des failles pour les pays qui souhaitent continuer à exploiter leurs réserves d’hydrocarbures.

Le Brésil a exhorté les pays riches à apporter « les moyens nécessaires » aux nations en développement, pour qu’elles puissent elles aussi installer des centrales solaires, passer à l’électrique et assurer leur essor économique.

Le chef de l’ONU Climat Simon Stiell a d’ailleurs appelé le monde à passer aux actes, et tout de suite. « Tous les gouvernements et toutes les entreprises doivent maintenant transformer sans tarder ces engagements en résultats concrets pour l’économie », a-t-il dit.

Dans l’accord figure aussi une reconnaissance du rôle joué par des « énergies de transition », allusion au gaz, pour assurer la « sécurité énergétique » des pays en développement, là encore une concession faite aux producteurs de gaz fossile.

Le texte contient aussi de multiples appels liés à l’énergie: tripler les capacités d’énergies renouvelables et doubler le rythme d’amélioration de l’efficacité énergétique d’ici 2030; accélérer les technologies « zéro carbone » et « bas carbone », dont le nucléaire, l’hydrogène bas carbone, et le balbutiant captage et stockage du carbone, défendu par les pays producteurs de pétrole pour pouvoir continuer à pomper des hydrocarbures.

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