CCDA 11 : « Le résultat est à la hauteur de nos attentes » (CEA)




Au cours d’un entretien bilan avec Nassim Oulmane, directeur par intérim de la Division de la Technologie, des Changements climatiques et de la Gestion des ressources naturelles à la CEA, affirme que les objectifs de la onzième Conférence annuelle sur le changement climatique et le développement de l’Afrique, ont été largement atteints

 

Monsieur le Directeur, la 11ème Conférence annuelle sur le changement climatique et le développement de l’Afrique s’est achevée à Nairobi. Est-ce que les fruits ont tenu la promesse des fleurs ?
Cette conférence a été d’une importance capitale, dans la mesure où elle s’est tenue juste avant le Sommet africain sur le Climat. Le résultat bien entendu est très positif, car il nous permet de réaffirmer les positions africaines fortes par rapport à un certain nombre d’enjeux. En réalité, il y a la nécessité de prendre des engagements et de mettre en œuvre des décisions, pour avoir une transition verte qui réponde aux défis et aux enjeux du continent, et qui place l’Afrique au centre de la lutte contre le changement climatique. Et pour cela, il faut mobiliser des financements, mettre en place de bons mécanismes, au-delà de ce qui existe au plan global, et surtout trouver des solutions innovantes en matière de financement. Ceci n’échappe à personne, notre continent émet moins de 4% de C02. Pourtant, il est le plus touché par les catastrophes naturelles, qui affectent en moyenne 5% du PIB des pays. Parmi ceux les plus touchés par ces catastrophes naturelles, il y a le Mozambique qui subit des dégâts de l’ordre de 15% de son PIB. Quand on parle de 15% du PIB c’est énorme. Si en plus de ces chocs climatiques, le pays doit en même temps payer les intérêts de sa dette, on est face à un vrai problème. C’est pour cela que nous devons mettre en place en urgence, des mécanismes pour réduire le poids de la dette dans les budgets.

Quels types de mécanismes par exemple ?
En ce moment, nous travaillons sur des solutions d’échange des dettes. Il s’agit de transformer une dette couteuse en une dette moins couteuse et le gain de cette différence devrait être investi dans l’action climatique. Donc vous voyez, il faut à la fois garder cette ambition climatique, voir l’augmenter, tout en répondant aux urgences et à la mise en œuvre des Objectifs de développement durable (ODD). Nous avons aujourd’hui un grand défi : celui d’accélérer notre développement, tout en ayant conscience de nos responsabilités en tant que partie de l’humanité qui a sur son sol un capital naturel, qui peux contribuer grandement à l’action climatique. Mais on ne doit pas le faire gratuitement. Nous devons travailler pour que nos pays soient rétribués avec justice par rapport aux services écosystémiques qu’ils fournissent à l’humanité. Donc il faut vraiment trouver les mécanismes et les instruments financiers qui permettent à nos pays de voir leurs efforts rétribués à leur juste valeur, pour que l’Afrique devienne le nouveau champion de la lutte contre le changement climatique.

Monsieur le Directeur, quelles sont les actions prioritaires à mener en urgence ?
Il y a plusieurs priorités. Il ne s’agira pas de commencer par une seule, mais il faudra trouver la manière de mettre la cohérence dans l’action et d’agir collectivement. Tout d’abord, il faut réduire le service de la dette et particulièrement dans le cadre des catastrophes naturelles. En même temps, il faut développer des mécanismes de financements nouveaux et investir dans l’adaptation. On était heureux d’apprendre aujourd’hui que la BAD est passée à 67% de décaissement climatique qui vise l’adaptation, alors que l’objectif il y a de cela quelques années était de 50%. Ça montre qu’on peut aller très vite et avoir des solutions. Toutefois, la dynamique démographique est très importante, notamment avec la jeunesse du continent. Il s’agit de mettre en place très vite des moyens pour que cette jeunesse puisse saisir toutes les opportunités en matière de solutions innovantes. Tous les jours nous sommes impressionnés par les idées qui foisonnent au travers du continent. On rencontre de nombreux jeunes et moins jeunes (vous avez pu voir aujourd’hui le ministre de 11 ans) qui foisonnent d’idées. Il faut donc mettre très vite en place des plateformes d’impulsion (Centres d’excellence, pépinières, incubateurs, etc) reliés à la partie académique. Il faut également mettre en place des écosystèmes qui permettent à cette jeunesse de s’exprimer. Elle n’attend que cela. Enfin, il est important de nous prendre en charge, car nous avons beaucoup de pistes et même déjà des solutions qui se mettent en œuvre. Mais déjà, à nous de continuer à accélérer cet effort et d’y aller ensemble.

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