Face aux défis posés par les accords internationaux sur le climat à l’industrie pétrolière et gazière en Afrique, le conseil exécutif de l’APPO, organisation qui regroupe les principaux producteurs de pétrole du continent, appelle ses membres à fédérer leurs efforts pour réduire la dépendance aux bailleurs de fonds internationaux pour financer les activités dans le secteur pétrolier amont
Ce 30 octobre à Yaoundé, tous les intervenants à l’ouverture des travaux de la 19e réunion ordinaire du Conseil exécutif de l’Association des producteurs de pétrole africains (African Petroleum Producers’ Organization en anglais APPO) ont défendu le même point de vue : l’Afrique doit prendre en charge le développement de ses hydrocarbures, dans un contexte de diminution du capital étranger due au discours climatique international qui recommande de désinvestir dans les énergies fossiles. L’APPO regroupe 18 pays qui représentent 99% de la production de pétrole du continent africain.
“L’adoption de l’Accord de Paris sur le climat en 2015 a causé beaucoup de défis pour les pays africains”, a déclaré Omar Farouk Ibrahim, secrétaire général de l’APPO; regrettant une mise en œuvre “agressive” du programme de transition énergétique. Adopté le 12 décembre 2015 en France à la 21e Conférence des parties à la convention-cadre des Nations Unies sur les Changements climatiques (COP21), l’accord, contraignant, vise à limiter le réchauffement climatique à 1,5° C par une transformation économique et sociale.
D’après l’ONU, les combustibles fossiles seraient responsables de plus de 75% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Considérant ces données, de nombreuses institutions internationales appellent à l’abandon des énergies fossiles.
Pauvreté énergétique
L’Afrique, responsable officiellement de moins de 10% des émissions mondiales de gaz à effet de serre et continent le moins éclairé (plus de 600 millions personnes vivant sans accès à l’électricité), plaide pour la poursuite de l’exploration et de l’exploitation de ses hydrocarbures pour financer ses besoins de développement. D’autant que pour des pays comme l’Algérie, le Tchad, le Gabon, le Nigéria, les hydrocarbures représentent le gros des recettes d’exportations et du budget de l’Etat.
D’après les données de l’APPO, le continent regorge encore de plus de 125 milliards de barils de réserves prouvées de pétrole brut et plus de 600 000 milliards de pieds cubes de réserves prouvées de gaz.
A cause de la réduction des investissements dans le secteur pétrolier, sur le continent africain, les anciens producteurs de brut comme le Congo (qui exploite le pétrole depuis le début des années 1970) et les nouveaux (comme le Sénégal ou encore la Mauritanie) “ne sont plus aussi sûrs” des revenus “qu’ils l’étaient il y a une décennie”, a mis en garde le président du Conseil exécutif de l’APPO et représentant du Congo au sein de l’instance, Stev Simplice Onanga.
Banque africaine de l’énergie
Le déficit de financement des activités de prospection et d’exploitation des hydrocarbures sur le continent africain est évalué actuellement à des “centaines de milliards de dollars”, a expliqué le secrétaire général de l’APPO à Energies Media; soulignant toutefois qu’il ne détenait pas le montant précis.
Pour faire face à cette situation, l’APPO a entrepris, en partenariat avec la Banque africaine d’import-export (Afreximbank), de mettre sur pied une Banque africaine de l’énergie dont le siège sera implanté à Abuja au Nigeria. La Banque, dont le lancement effectif est projeté au premier trimestre 2025 par le secrétaire général de l’APPO, aurait un capital initial de 5 milliard de dollars et devrait travailler avec environ 700 banques sur le continent pour soutenir les activités de l’industrie pétrolière et gazière sur le continent africain et les projets énergétiques.
Le développement d’une expertise locale dans le secteur, la maîtrise des technologies liées à la prospection et à l’exploitation des hydrocarbures, le développement de marchés de l’énergie sur le continent africain ont été présentés aussi comme des défis à relever par le ministre des Relations extérieures du Cameroun, Lejeune Mbella Mbella – qui représentait l’administrateur-directeur général de la SNH Adolphe Moudiki, plénipotentiaire du Cameroun au Conseil des ministres de l’APPO – le 30 octobre 2024 à Yaoundé.
Les pays africains producteurs de pétrole exportent hors du continent 75% de leur production de brut et 45% de leur production de gaz naturel, d’après les statistiques de l’APPO.