L’Afrique du Nord pourrait être la première région du monde exportatrice d’hydrogène vert en 2050




Données d’une étude de Deloitte. En Afrique du Nord, le Maroc compte assurer le leadership dans la sous-région

 

Selon un rapport du cabinet Deloitte paru en août 2023, l’Afrique du Nord sera la première région du monde exportatrice d’hydrogène vert en 2050, rebattant les cartes de l’énergie mondiale. Les exportations de l’Afrique du Nord à cet horizon seraient de 110 milliards de dollars américains par an, suivies par celles de l’Amérique du Nord (63 milliards USD par an), l’Australie (39 milliards USD par an) et le Moyen-Orient (20 milliards USD par an).

Dans la sous-région, le Maroc aspire à devenir un acteur majeur de l’hydrogène vert, en misant sur son rôle pionnier dans les énergies renouvelables, avec l’idée de l’exporter vers l’Europe tout en l’exploitant localement dans la production d’engrais, secteur économique crucial.

Le Maroc vise le premier rang au Maghreb, même si le secteur est « embryonnaire et les grands projets mondiaux ne verront pas le jour avant trois à cinq ans », a expliqué à l’AFP Samir Rachidi, directeur de l’Institut marocain de recherche Iresen.

À la mi-août, le ministère de l’Économie a annoncé avoir réservé environ 1,5 million d’hectares du domaine public – presque autant que la surface du Koweit – pour accueillir « huit sites de production d’hydrogène et d’ammoniac verts ».

L’hydrogène est récupéré à travers l’électrolyse de l’eau qui sépare ce gaz de l’oxygène. Il est dit « vert » quand il est produit grâce à de l’électricité issue d’énergies renouvelables : éolienne, solaire ou hydraulique.

Porteur de grands espoirs dans le cadre des efforts planétaires de réduction des émissions carbone, c’est un vecteur d’énergie pouvant servir aussi bien à décarboner la sidérurgie, la cimenterie, les engrais, la chimie, que le stockage d’énergies propres.

Le Maroc se jette dans la mêlée avec l’avantage d’avoir déjà misé fortement ces 15 dernières années sur les énergies propres qui fournissent 38% de l’électricité produite actuellement dans ce pays, et ambitionne d’atteindre 52% en 2030.

Pour Rabat, l’hydrogène vert est crucial également car cette énergie peut servir à la production d’ammoniac, base des engrais agricoles azotés, un secteur dont le pays est l’un des leaders mondiaux grâce à ses immenses réserves de phosphates.

Surfant sur une forte demande mondiale qui a fait s’envoler le prix à 1 000 euros la tonne depuis le Covid-19 et la guerre en Ukraine, l’Office chérifien du phosphate (monopole public) compte produire en 2027 un million de tonnes d' »ammoniac vert » (à partir d’hydrogène vert), et le triple en 2032.

Algérie, Tunisie aussi

L’Algérie « ambitionne de devenir un acteur majeur » en capitalisant sur « un potentiel parmi les plus importants au monde » en termes d’énergie solaire et éolienne et « sur ses infrastructures de transport (gazoducs) », a déclaré à l’AFP Rabah Sellami, directeur au Commissariat des énergies renouvelables (CEREFE).

Actuellement, le pays pétro-gazier produit seulement 3% de son électricité à partir de renouvelables mais investit massivement pour parvenir à une puissance installée de 4 GW à l’horizon 2024. L’Algérie dispose de nombreuses stations de dessalement dont la capacité va plus que doubler à 2 milliards de m3/an d’eau purifiée en 2030.

Sa feuille de route pour l’hydrogène vert prévoit « une production annuelle d’un million de tonnes en 2040, destinée à l’export vers le marché européen » et 250 000 tonnes pour la consommation interne, selon M. Sellami.

Quant à la Tunisie, elle sera « capable d’exporter entre 5,5 et 6 millions de tonnes d’hydrogène vert vers l’Europe, à l’horizon 2050 », assurait récemment Belhassen Chiboub, directeur général au ministère de l’Energie. A condition de hisser sa production d’électricité propre de 3% actuellement à 35% promis pour 2030.

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