Chute des cours du baril: en difficultés, l’Algérie opte pour la planche à billets




Le conseil des ministres a adopté le 06 septembre un projet de loi visant à permettre l’introduction du financement non conventionnel au profit du Trésor public pour financer la dette publique interne

 

Le conseil des ministres de l’Algérie, que préside le chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika,  a adopté, mercredi 06 septembre, un projet de loi portant amendement de la Loi sur la monnaie et le crédit afin d’introduire le financement non conventionnel au profit du Trésor public.

L’option permettra à l’Algérie, largement dépendante de ses hydrocarbures, d’éviter d’avoir recours à l’endettement extérieur pour: financer la dette publique interne, financer les déficits du budget de l’Etat, allouer des ressources au Fonds national d’investissement.

L’Algérie a vu s’effondrer ses recettes pétrolières depuis le second semestre 2014. De 2002 à 2015, les hydrocarbures ont représenté en moyenne 98% des exportations de l’Algérie, 67% de ses recettes fiscales. Elles ont également contribué pour 35% à son PIB. Sur les sept premiers mois de l’année 2017, les exportations d’hydrocarbures ont représenté 94,71% du total des exportations du pays.

En 2016, le déficit public de l’Algérie était de 3200 milliards de dinars (29 milliards de dollars américains). Le déficit public projeté pour 2017 est de 1 247 milliards de dinars (environ 11,3 milliards de dollars).

Pour faire fonctionner la planche à billets, l’amendement du projet de loi adopté en Conseil des ministres le 06 septembre devrait permettre la modification de certains articles de la loi sur la monnaie et le crédit. D’abord l’article 46, qui limite le découvert du trésor public à 10% des recettes fiscales ordinaires, budgétisées à 3435 milliards de dinars (31,1 milliards de dollars); les recettes fiscales pétrolières n’étant pas incluses ici. La limite de 10% ne permettait donc pas de couvrir facilement ce déficit.

Il pourrait aussi y avoir modification de l’article 45 de la Loi sur la monnaie et le crédit, qui interdit à la Banque d’Algérie d’acheter des bons du Trésor public.

La planche à billets va permettre à la Banque d’Algérie, sur demande de l’Exécutif, de créer la monnaie au profit du Trésor pour financer la commande publique.

“Il suffit d’ordonner à la Banque d’Algérie d’honorer tous les chèques émis par le Trésor public, dont le seul compte est à la Banque d’Algérie, même si le compte n’abrite pas d’argent. La Banque d’Algérie paie et le découvert du Trésor se creuse chaque jour davantage. On peut imaginer qu’au moment où je parle, ce compte est déjà au rouge, les recettes ne couvrant qu’environ 7 à 8 mois de dépenses au maximum”, a décrit Ali Benouari, ancien ministre algérien du Budget, à maghrebemergent.com au lendemain du conseil des ministres; invitant à la prudence dans la fréquence qu’il y aura à recourir à cette option.

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