L’Union européenne lève les mesures anti-dumping contre les panneaux solaires chinois




Les mesures anti-dumping mises en place fin 2013 pour protéger l’industrie solaire européenne face aux produits chinois prennent fin le 03 septembre à minuit

 

Les mesures anti-dumping mises en place il y a cinq ans par l’Union européenne contre les panneaux solaires chinois prennent fin lundi 03 septembre à minuit, une nouvelle donne à double tranchant pour les acteurs européens du secteur.

Ces mesures avaient été mises en place fin 2013 pour protéger l’industrie solaire européenne face aux produits chinois, faisant craindre le démarrage d’une guerre commerciale avec Pékin.

Censées durer deux ans, elles avaient été prolongées, puis en mars 2017 la Commission européenne avait décidé de les réduire progressivement sur dix-huit mois.

« Après avoir étudié les besoins à la fois des producteurs de panneaux solaires et de ceux qui les utilisent ou les importent, la Commission a décidé qu’il était dans le meilleur intérêt pour l’UE de faire disparaître ces mesures », a justifié l’institution lundi.

Cette décision est vivement critiquée par les fabricants de panneaux et de composants, réunis dans la fédération EU Prosun qui avait réclamé la prolongation de la politique européenne. Elle « met sérieusement à mal l’industrie manufacturière solaire de l’Union européenne », alors qu’en cinq ans plus de cent entreprises du secteur ont déjà mis la clé sous la porte, a réagi auprès de l’AFP Milan Nitzschke, son président.

Dernier exemple en date: le nouveau dépôt de bilan en mars dernier de l’allemand Solarworld, qui avait déjà été repris l’an dernier par des investisseurs du Qatar après un premier dépôt de bilan.

Mais pour les entreprises qui développent et installent des parcs photovoltaïques, « un nouvel âge du solaire » commence en Europe, selon James Watson, directeur général de SolarPower Europe, fédération qui les représente à Bruxelles.

Alors que sept panneaux solaires sur dix vendus dans le monde viennent de Chine, selon EU Prosun, et faute d’alternative suffisante ailleurs, les installateurs européens n’avaient d’autres choix depuis 2013 que de payer leurs panneaux plus chers.

« Une des conséquences de ces mesures a été un décalage entre les coûts du marché européen et du marché mondial », qui a atteint « jusqu’à +25% » en France, explique à l’AFP Daniel Bour, président d’Enerplan, qui regroupe les entreprises françaises du solaire.

« Aujourd’hui sur le marché européen le prix du panneau est autour de 30/31 centimes d’euros, là où il est autour de 25 centimes d’euros sur le marché mondial », détaille-t-il.

Pour lui, les actions anti-dumping de Bruxelles n’ont « pas sauvé les entreprises allemandes et les Chinois se sont adaptés en installant des usines en Turquie ou en République Tchèque », ou en rachetant des acteurs européens, comme le leader mondial Trina Solar qui s’est emparé en 2016 du néerlandais Solland Power.

Les développeurs de projets s’attendent désormais à ce que les prix des panneaux baissent dans l’UE, et que cela accélère la croissance du solaire, qui a représenté l’an dernier environ 3% de la consommation électrique de l’UE. Même si selon Daniel Bour, il faudra aussi des politiques volontaristes, comme des appels d’offres plus importants et contenant des critères stricts sur les panneaux.

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