Marius Mihigo et la société australienne AVZ Minerals assurent que les honoraires de un million de dollars figurent dans un accord et qu’il n’y a pas eu de démarches pour influencer l’attribution, par les autorités congolaises, d’un permis d’exploitation. Les 06 millions de dollars avancés par le média australien Financial Review présentés comme des “allégations mensongères”
La société australienne AVZ Minerals, présente en République démocratique du Congo dans la coentreprise Dathcom Mining S.A. (détenue à 75% aux côtés de la société publique La Cominière S.A.), attributaire en 2016 d’un permis de recherche de lithium à Manono (province du Tanganyika, est de la RDC) a reçu, en avril 2022, un permis d’exploitation. Ledit permis a été révoqué le 28 janvier 2023 par le ministère congolais des Mines en raison de conflits de propriété entre actionnaires. Dans deux articles publiés les 06 et 08 février, le journal australien Financial Review affirme que la société AVZ Minerals avait payé, le 1er juin 2022, un million de dollars à son conseiller stratégique pour le projet, Marius Mihigo. Toujours d’après le Financial Review, le directeur général d’AVZ, Nigel Ferguson, avait proposé au conseil d’administration une prime supplémentaire de 3 millions de dollars et 2 millions de dollars en action si Marius Mihigo, réputé proche des autorités congolaises et en particulier du président Félix Tshisekedi avec qui on le voit sur une photo, aidait la société à obtenir une licence minière. Des honoraires que le journal estime “supérieurs au taux du marché” pour les services et qui auraient été destinés à des pots-de-vin.
Marius Mihigo – qui se décrit comme un consultant international spécialisé dans les négociations, la diplomatie secrète et la facilitation d’affaires internationales – soutient, dans un communiqué publié ce 12 février, qu’il s’agit d’“allégations mensongères de corruption” et qu’il a “instruit ses conseils en Australie de prendre toutes les dispositions utiles dans le but de déposer une plainte sans délai contre l’Australian Financial Review et contre M. Tom Richardson [l’auteur de l’article, NDLR] pour dénonciation calomnieuse ainsi que pour diffamation.”
Avant la sortie de Marius Mihigo, c’est AVZ Minerals, qui a tenu à apporter des clarifications sur les honoraires payés au consultant. D’après le communiqué publié par la société australienne le 10 février, les termes de l’engagement de M. Mihigo sont consignés dans un accord, le consultant et son équipe étant rémunérés à un forfait initial de 1 million de dollars pour leurs services. Les décaissements pour les frais de voyage et frais accessoires ne doivent pas dépasser 5000 dollars américains sans approbation préalable, a souligné AVZ Minerals dans le document; ajoutant que l’accord ne prévoit pas d’honoraires fixés sur le résultat.
A la suite de la révocation du permis d’exploitation par le ministère congolais des Mines le 28 janvier, la société indique qu’elle a mis en œuvre de son côté une “suspension volontaire” des activités en attendant une clarification sur les droits miniers et d’exploration sur le projet de lithium et d’étain de Manono.
D’après les données de l’opérateur, le gisement de Manono abriterait 6,6 millions de tonnes de lithium. Le site est décrit comme abritant les ressources de lithium les plus importantes au monde. La mise en production permettrait à la RDC de rivaliser avec d’autres pays producteurs comme l’Australie, le Chili, la Chine ou l’Argentine.
Le lithium, dont la République démocratique du Congo est riche, est un composant essentiel des batteries des voitures électriques, enjeu de la bataille mondiale dans la transition énergétique.