Pétrole: les pays de l’Opep+ vont augmenter leur production de 432 000 barils par jour en mai




Avec cette décision prise le 31 mars, l’alliance des 13 de l’Opep et 10 partenaires dont la Russie ne dévie donc pas de sa ligne et reste sourde aux appels des Occidentaux à produire plus pour faire baisser les prix

 

Les pays producteurs de pétrole de l’Opep+ ont convenu, jeudi 31 mars, d’une nouvelle ouverture modeste de leurs vannes d’or noir, ignorant les appels à alléger la pression sur les prix, induite par la situation en Ukraine et les sanctions occidentales contre la Russie.

Les 13 membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), menés par Ryad, et leurs dix alliés conduits par Moscou (Opep+) ont convenu « d’ajuster à la hausse la production totale mensuelle de 432 000 barils par jour pour le mois de mai », a annoncé l’alliance dans un communiqué à l’issue d’une réunion éclair au résultat largement attendu.

Le cartel mentionne un « ajustement » pour des raisons techniques du plafond de référence, auparavant de 400 000 barils par jour.

Avec cette décision, l’alliance ne dévie donc pas de sa ligne, amorcée au printemps 2021 à la faveur du redressement de la demande, après des coupes drastiques pour faire face au choc de la pandémie de Covid-19.

Les Etats-Unis devraient annoncer jeudi un plan pour y puiser dans leurs réserves, jusqu’à un million de barils par jour, selon l’agence Bloomberg.

« Au total, jusqu’à 180 millions de barils devraient être sortis des réserves, ce qui serait sans précédent », détaille Carsten Fritsch, analyste pour Commerzbank. Si ce déblocage se produit effectivement, « le marché pétrolier ne serait plus sous-approvisionné ».

Politique commune des producteurs sans fléchir

Un possible changement total de paradigme, car les sanctions qui frappent la Russie ont fait craindre des ruptures de livraisons du pétrole russe et provoqué une fébrilité extrême.

Mais pour l’Opep+ qui a vu le jour en 2016 dans l’optique d’une régulation du marché, « la volatilité actuelle n’est pas due aux fondamentaux, mais aux développements géopolitiques en cours », ont souligné ses membres dans le communiqué.

Ils restent donc impassibles devant les appels de la communauté internationale qui se sont intensifiés, notamment après la décision des Etats-Unis et de la Grande-Bretagne d’arrêter d’importer du pétrole de Russie, deuxième plus grand exportateur de brut au monde derrière l’Arabie saoudite.

Le ministre allemand de l’Économie, Robert Habeck, avait lancé le lendemain aux pays exportateurs un « appel urgent à augmenter le niveau de production pour soulager le marché ».

Mais rien n’y fait: les pays du Golfe résistent pour le moment aux demandes occidentales, déclarant se soucier seulement de l’équilibre entre l’offre et la demande.

L’alliance Opep+, loin d’être déstabilisée par le conflit, apparaît plus solide que jamais. Elle est « là pour rester », a déclaré lundi le ministre émirati de l’Energie Suhail al-Mazrouei, déterminé à ne pas laisser « la politique » miner l’organisation.

Le ministre saoudien de l’Energie Abdulaziz ben Salmane a réitéré mardi son attachement à l’Opep+, arguant que si l’accord « n’existait pas, nous ne pourrions pas avoir de stabilité sur le marché de l’énergie » et « la volatilité des prix serait encore pire ».

L’Opep+ a averti que l’économie mondiale subirait un coup dur si le conflit en Ukraine devait perdurer.

« Le moral des consommateurs et des entreprises devrait baisser non seulement en Europe mais aussi dans le reste du monde, si l’on ne tient compte que de l’impact inflationniste que le conflit a déjà provoqué », a déclaré le groupe dans un rapport interne consulté par Reuters.

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