GERD: la médiation et la position des Etats-Unis pas appréciées par l’Ethiopie




Donald Trump soutient plus l’Egypte que le constructeur de l’important barrage hydroélectrique, selon les officiels éthiopiens

 

 

L’Éthiopie a accusé, le 24 octobre dernier, Donald Trump (photo) d’« incitation à la guerre » après les déclarations du président américain à propos du méga-barrage éthiopien sur le Nil, suggérant que l’Égypte pourrait le détruire.

L’Éthiopie répondait à des commentaires de Donald Trump sur le Grand barrage de la Renaissance (GERD), qu’elle termine actuellement de construire sur le Nil. « C’est une situation très dangereuse, car l’Égypte ne sera pas en mesure de vivre de cette façon », a déclaré la veille à des journalistes M. Trump, en marge d’une cérémonie dédiée à l’accord de normalisation des relations diplomatiques entre Israël et le Soudan. « Ils (les Égyptiens) finiront par faire sauter le barrage. Je le dis haut et fort : ils feront sauter ce barrage. Ils doivent faire quelque chose », a dit le président américain.

Le ministre éthiopien des Affaires étrangères Gedu Andargachew a convoqué l’ambassadeur américain Michael Raynor, demandant à ce dernier de clarifier les propos de M. Trump sur ce sujet épidermique entre l’Éthiopie et ses voisins d’Égypte et du Soudan, situés en aval du barrage. « L’incitation à la guerre entre l’Éthiopie et l’Égypte par un président américain en exercice ne reflète ni le partenariat de long terme et l’alliance stratégique entre l’Ethiopie et les États-Unis, ni n’est acceptable au regard des lois internationales relatives aux relations entre États, » a déclaré M. Gedu dans un communiqué, après sa rencontre avec le diplomate.

Plus tôt samedi, le bureau du Premier ministre Abiy Ahmed avait publié un communiqué défendant le barrage, appelé à devenir le plus grand d’Afrique, soulignant que l’Éthiopie était investie dans les négociations menées sous la médiation de l’Union africaine, qui faisaient « des progrès significatifs ».

La tentative de Washington de faire office de médiateur dans ce dossier a échoué cette année après que l’Éthiopie a accusé M. Trump, proche du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, de favoriser l’Égypte. Les États-Unis ont annoncé début septembre la suspension d’une partie de leur aide financière à l’Éthiopie après que cette dernière a décidé unilatéralement de remplir le barrage malgré « l’absence de progrès » dans les négociations avec l’Égypte et le Soudan.

Pour de nombreux officiels éthiopiens, Donald Trump est aveuglé par sa relation avec le président égyptien. « Désolé de le dire mais cet homme n’a aucune idée de ce dont il parle. L’Éthiopie et les Éthiopiens ne seront jamais menacés par une déclaration aussi irresponsable », a dit le 24 octobre sur Twitter l’ancien premier ministre Hailemariam Desalegn.

L’Égypte, dépendante des eaux du Nil pour environ 97% de son irrigation et de son eau potable, considère le Grand barrage de la renaissance éthiopienne (GERD) comme une menace « existentielle ». De son côté, l’Éthiopie le voit comme un jalon essentiel de son électrification et de son développement.

A terme, le GERD doit assurer une production électrique de 6 000 mégawatts.

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