Congo: pour son nouveau mandat, Denis Sassou Nguesso promet de sortir de la dépendance aux hydrocarbures




Pour sortir du tout-pétrole, le président du Congo-Brazzaville mise aussi sur l’industrie et la relance du chemin de fer

 

Le président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso (photo), réinvesti le 16 avril dernier pour un nouveau mandat de cinq ans, a promis de diversifier l’économie de son pays pour sortir du « tout pétrole » par l’agriculture, avec pour autre défi l’industrie et la relance du chemin de fer.

La capitale pétrolière Pointe-Noire pourrait baigner dans l’optimisme en ce début 2021. Après la terrible année 2020, la production bat des records à 350 000 barils/jour, avec une remontée des cours mondiaux à près de 65 dollars par barril.

Les hydrocarbures représentent la première richesse du Congo-Brazzaville (environ cinq millions d’habitants), avec 1,65 milliard d’euros de revenus en 2018, selon le dernier rapport sur la transparence des industries extractives (ITIE). Mais le Congo est lié par des accords de « partage de production » aux multinationales pétrolières, le géant français Total et l’italien Eni.

En novembre, Total a obtenu le renouvellement pour 20 ans de sa concession sur le terminal pétrolier de Djeno au large de Pointe-Noire. « La République du Congo aura sa part ainsi que les autres principaux opérateurs tels que Eni et Perenco », a vaguement promis devant la presse à l’époque le PDG de Total, Patrick Pouyanné.

Une autre partie de la rente pétrolière congolaise est versée sur « un compte séquestre en Chine » pour rembourser les infrastructures construites par les entreprises de Pékin au Congo (448,39 millions d’euros en 2018), selon le rapport de l’Itie. Une dernière partie est enfin affectée « au remboursement des accords de préfinancements avec les traders » Glencore et Trafigura (340,34 millions d’euros en 2018).

« Lorsque nous remboursons la Chine et les traders, il nous reste 10% (des revenus pétroliers) qui viennent au Trésor public pour pouvoir faire vivre l’État du Congo », résume Brice Mackosso, militant de longue date pour la transparence des comptes pétroliers.

Diversification

À Nkayi, sur la RN1 entre Pointe-Noire et Brazzaville, la diversification économique est une réalité pour la Société agricole de raffinage industriel du sucre (Saris), qui exploite depuis 50 ans les plaines argileuses de la région de la Bouenza.

Entourée de centaines d’hectares de plantations de cannes à sucre, l’usine produit « 60 000 à 70 000 tonnes de sucre pour un marché de 55 000 tonnes. Le reste est exporté vers les pays voisins », souligne son directeur général de la Saris, Guillaume Ranson. Un des rares exemples d’auto-suffisance au Congo-Brazzaville, qui importe tout ce qu’il consomme par ailleurs.

Entreprise-sœur, la SGMP cultive du maïs, en partenariat depuis quelques mois avec des petits producteurs de la région, pour arriver également à l’auto-suffisance.

En poursuivant la route vers Brazzaville, quelques cimenteries témoignent des efforts de diversification industrielle, comme celle du milliardaire Dangote ou encore la cimenterie Diamond Cement, fruit de capitaux indiens et togolais.

Denis Sassou Nguesso, 77 ans, dont 37 à la tête de régimes autoritaires depuis 1979, peut potentiellement rester aux affaires au Congo jusqu’en 2031.

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