Afrique : 50 à 80% des métaux critiques pour le stockage de l’énergie se trouvent sur le continent (UA)




Pour la transition énergétique mondiale, « on ne peut rien faire sans l’Afrique », affirme la commissaire chargée des Infrastructures et de l’Energie à la Commission de l’Union africaine, Amani Abou-Zeid

 

L’Afrique est au centre des enjeux pour la transition énergétique mondiale, qui doit permettre de remplacer le pétrole, le gaz, le charbon, par des énergies moins émettrices de carbone, défend la commissaire chargée des Infrastructures et de l’Energie à la Commission de l’Union africaine, Amani Abou-Zeid (photo).

« Le monde est en train de passer par une phase de transition énergétique, pour l’électrification des maisons, des voitures, mais les métaux sont aussi nécessaires pour l’électronique et la numérisation. Or 50 à 80% des métaux qui sont devenus critiques pour les industries et pour le stockage de l’énergie sous forme de batterie ou autre, se trouvent en Afrique. Pour les métaux du groupe des platines, c’est même 90%. On ne peut rien faire sans l’Afrique ! », a déclaré Amani Abou-Zeid dans une interview à l’AFP le 28 septembre à Paris, en marge du premier sommet mondial consacré aux métaux critiques. L’événement a été organisé par l’Agence internationale de l’énergie (AIE) en présence de représentants de 47 pays consommateurs et producteurs, sans la Russie et la Chine.

« L’Afrique dépend de l’exportation de ses ressources brutes, puisque 25% de nos économies viennent de cela. Mais les minéraux sont exportés à l’état brut et non transformés, non raffinés, sans plus-value pour l’économie locale, et surtout ils ne répondent pas à nos besoins. Pour nous, la question est moins celle de la transition énergétique, que celle de l’accès universel à l’énergie. La moitié de la population du continent, près de 600 millions d’Africains, n’ont pas accès à l’électricité encore », explique la commissaire à l’énergie de l’Union africaine.

« Tous les grands groupes miniers internationaux sont présents en Afrique. Ils sont extrêmement importants. Il y a un aspect qu’on n’a pas discuté ici et qui est important, ce sont les contrats entre les compagnies minières et les pays. Que contiennent-ils ? J’ai vu des contrats qui sont difficiles à lire et à accepter, ils ne sont pas équilibrés. C’est pénible. Les contrats doivent aussi être revus au bout d’un certain temps, cela ne peut pas être pour l’éternité […] Il faut faire en sorte que le contrat minier devienne un outil de développement, qu’il permette de créer des emplois, protéger certaines choses dans l’environnement. On ne peut pas se contenter d’un dispensaire par ci ou une école par là, les standards ESG cela ne suffit pas », dénonce Amani Abou-Zeid.

« Ce que le monde ne voit pas, c’est le prix que l’Afrique payait jusqu’ici pour ces métaux. Le processus d’extraction est loin d’être propre, utilise énormément d’énergie pas renouvelable, le transport des minéraux n’est pas propre […] Pour les populations, l’exploitation minière signifie souvent destruction de l’environnement et perte de modes de vie pour des communautés locales. On parle d’énergie propre dans les pays développés, mais si on regarde toute la chaîne de valeur et de l’extraction jusqu’à la batterie, le processus entier n’est pas propre », explique la responsable.

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