Tchad: attirer plus d’investissements étrangers directs dans le secteur hors-pétrole pour diversifier l’économie (étude)




Dans un examen de la politique d’investissement du Tchad réalisé par la Cnuced et publié en novembre, l’institution onusienne constate que les flux entrants d’IED dans le pays d’Afrique centrale, depuis 2002, ont surtout été tirés par les activités dans l’exploitation et l’exportation de pétrole

 

Le produit intérieur brut (PIB) et les finances publiques du Tchad sont “fortement tributaires de secteurs sensibles à la conjoncture mondiale et dont la valeur ajoutée demeure faible”, relève la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced) dans un récent rapport consacré à ce pays d’Afrique centrale. 

Au premier chef de ces secteurs sensibles: le secteur pétrolier, qui a connu un essor avec le début de l’extraction pétrolière au Tchad en 2003. La Cnuced relève qu’entre 2003 et 2016, le secteur représentait “environ 80% des exportations”, “presque 60% des revenus de l’Etat”, “22% du produit intérieur brut” et la majorité des investissements étrangers directs (IED) enregistrés au Tchad au cours de ladite période. 

A la fin 2017 par exemple, le stock d’IED dans ce pays d’Afrique centrale était estimé à 5,4 milliards de dollars, “dont la grande majorité dans l’industrie pétrolière”, souligne le rapport de l’examen de la politique d’investissement du Tchad, publié par la Cnuced le 12 novembre dernier. 

Sur la période 2002-2006, les flux entrants moyens d’IED au Tchad étaient chiffrés à 345 millions de dollars; 223 millions de dollars sur la période 2007-2011, et 261 millions de dollars sur la période 2012-2017. Des données fortement liées à l’activité du secteur pétrolier, soutient la Cnuced. 

“Les fluctuations des IED sont fortement corrélées au développement des projets pétroliers. L’afflux d’investissements au début des années 2000 et le pic de 2002 correspondent à des investissements massifs dans le développement de champs pétroliers du bassin de Doba et la construction de l’oléoduc Doba-Kribi vers l’Atlantique. L’exploitation pétrolière de ces champs a débuté en 2003. Influencés par le conflit civil au milieu des années 2000, les flux d’IED se sont repliés avant d’inscrire un mouvement à la hausse expliqué par l’expansion d’opérations qui comprennent l’acquisition d’un bloc pétrolier, la construction d’une raffinerie et le développement d’infrastructures de transport et d’électricité par un groupe chinois. La chute des IED en 2014 correspond à un rachat de positions étrangères par la Société des hydrocarbures du Tchad”, démontre l’institution. 

Politique d’investissement

Le territoire tchadien, cinquième le plus grand d’Afrique avec une superficie de 1,284 million de km², présente pourtant d’autres opportunités pouvant attirer les investissements étrangers directs, à l’instar de la transformation de produits dans l’agriculture, l’élevage, l’agro-industrie, les infrastructures de transport et d’énergie. D’après la Cnuced, une diversification de l’économie dans ce sens permettrait au Tchad d’être moins dépendant de produits dont les prix ont la caractéristique d’être volatils et fixés sur les marchés mondiaux. 

“La diversité géo-climatique du Tchad permet et délimite la culture de nombreuses filières agropastorales”. Mais ces ressources, d’après l’étude, demeurent sous-exploitées. “Une infime partie des terres arables sont exploitées”, mentionne le rapport. Citant des chiffres de la Banque mondiale, la Cnuced relève que l’agriculture, la sylviculture et la pêche représentaient, en 2016, 49,5% de la valeur ajoutée du PIB tchadien contre 3,2% pour l’industrie. Ensemble, en 2017, ces secteurs contribuaient à 12% des exportations contre 83% pour les produits pétroliers à la même période.

L’examen de la politique d’investissement du Tchad précise le rôle que les IED devraient jouer et l’orientation qu’ils pourraient avoir dans la vision du gouvernement de faire du pays d’Afrique centrale une économie “émergente” à l’horizon 2030. 

« Attirer des IED n’est en effet pas un objectif en soi, il faut que ces derniers s’insèrent dans une perspective de développement durable du pays […] Il s’agit donc de mettre en place des politiques appropriées, un ciblage des types d’investissement et d’investisseurs désirés, ainsi que des systèmes de suivi de l’impact, à la fois des politiques mises en œuvre et des investissements attirés », recommande la Cnuced. 

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