La centrale pourra fonctionner au-delà de 2022 à cette condition a expliqué le ministre français de la Transition écologique dans un courrier aux syndicats
La centrale à charbon de Cordemais (Loire-Atlantique) pourra fonctionner au-delà de 2022 pour garantir l’approvisionnement en électricité de la Bretagne si son projet de conversion à la biomasse réussit, a annoncé le ministre français de la Transition écologique dans un courrier aux syndicats dévoilé vendredi, 11 janvier.
François de Rugy, qui rappelle que le gouvernement s’est engagé à fermer toutes les centrales à charbon d’ici 2022, affirme cependant que ce calendrier devra « bien évidemment prendre en compte la nécessité d’assurer la sécurité d’approvisionnement ». « La préservation de la sécurité d’approvisionnement est (…) un prérequis à la fermeture », insiste M. de Rugy.
Il souligne notamment « l’importance » de la centrale de Cordemais dans l’approvisionnement de la péninsule bretonne, qui dispose de peu de moyens de productions propres, ainsi que « les incertitudes » entourant les dates de mise en service du réacteur nucléaire EPR de Flamanville (Manche) et de la centrale à gaz à Landivisiau (Finistère), censés couvrir les besoins électriques de l’ouest de la France après 2020.
Dans un message à l’AFP, RTE (Réseau de transport d’électricité) qui doit livrer bientôt une « analyse technique » sur l’équilibre offre-demande dans l’Ouest, estimait jeudi dernier que la mise en service de l’EPR de Flamanville, de la centrale de Landivisiau et d’un parc éolien en mer ne rendraient « plus indispensable la production de Cordemais ». Mais si l’EPR ne fonctionne pas, « la fermeture de la centrale de Cordemais entraîne bien un risque spécifique », prévenait le gestionnaire de réseau en 2018.
À Cordemais, EDF teste un dispositif de cocombustion à base de biomasse, avec pour objectif de parvenir à un ratio de 80% de biomasse et 20% de charbon à « l’hiver 2022/2023 », avant d’atteindre le « 100% biomasse à horizon 2025/2027 », selon Gwenael Plagne, délégué syndical CGT d’EDF, et un essai a été validé en août.
Qualifiant ce projet d’« intéressant », les ministres estiment que l’utilisation de biomasse « pour un nombre d’heures limité aux besoins du réseau, pourrait le cas échéant s’accompagner d’une fraction de charbon, dans des proportions ne dépassant pas toutefois 20% des volumes totaux ».
« La première étape de la lutte pour gagner un avenir à la centrale à charbon a été franchie. Le verrou de 2022 pour la centrale de Cordemais n’est plus un couperet », s’est félicité M. Plagne, dans un message à l’AFP, à l’issue d’une réunion avec les représentants syndicaux au ministère de la Transition écologique jeudi matin. Les salariés ont toutefois décidé de « maintenir la pression » pour obtenir une « reconversion des deux tranches de la centrale ».
« Face à l’aggravation du dérèglement climatique, il faut laisser les énergies fossiles dans le sol, réduire nos consommations et accompagner les salariés et territoires impactés », a de son côté protesté Cécile Marchand, chargée de campagne climat aux Amis de la Terre.
Située en bord de Loire, à 30 km à l’ouest de Nantes, la centrale de Cordemais emploie 378 salariés EDF et 250 salariés d’entreprises prestataires.