L’Arabie saoudite et la Russie, qui s’entendent depuis 2017 avec d’autres gros producteurs de pétrole pour limiter l’offre, ont évoqué le 25 mai une possible hausse de la production au second semestre 2018
L’Arabie saoudite et la Russie, qui s’entendent depuis 2017 avec d’autres gros producteurs de pétrole pour limiter l’offre, ont évoqué vendredi, 25 mai, une possible hausse de la production dès cet été, alors que les prix sont remontés récemment à leurs plus hauts niveaux depuis 2014.
Cité par les agences russes lors d’un forum économique à Saint-Pétersbourg, le ministre saoudien de l’Energie, Khaled al-Faleh (photo), a jugé que les pays producteurs auront « bientôt la possibilité de libérer l’offre ».
« Comme nous l’avons toujours dit, le retour du pétrole sur le marché doit se faire progressivement. Nous ne le ferons pas rapidement. Cela interviendra probablement au deuxième semestre de cette année », a-t-il ajouté.
« Si nous arrivons à l’idée commune qu’il est indispensable d’assouplir le niveau (de production, ndlr), cela doit se faire à partir du troisième trimestre », a estimé de son côté le ministre russe, Alexandre Novak.
Les deux hommes se sont entretenus jeudi soir pour discuter du sujet alors que l’Opep et ses dix partenaires, dont la Russie, doivent se réunir fin juin à Vienne pour la prochaine réunion du Comité ministériel de suivi de l’accord des pays de l’OPEP et non-Opep (OPEC/Non-OPEC Joint Ministerial Monitoring Committee en anglais, JMMC).
A la télévision russe vendredi soir, Alexandre Novak a expliqué que cette rencontre aboutirait « probablement » à une hausse « progressive » de production: « notre objectif, c’est à la fois de ne pas déstabiliser le marché du pétrole et de ne pas provoquer de surchauffe ».
Les 14 membres de l’Opep et dix autres producteurs de pétrole, Russie en tête, ont conclu fin 2016 un accord pour baisser le niveau de production de 1,8 million de barils par jour afin de réduire l’excédent d’offre de brut sur le marché et soutenir les prix.
Les négociations actuelles visent à ramener le taux de conformité à l’accord, qui a atteint le record de 166% en avril, à seulement 100%, ont indiqué les sources. L’opération serait destinée à apaiser le marché alors que le cours du Brent a dépassé les 80 dollars le baril la semaine dernière, pour la première fois depuis novembre 2014.
L’accord de limitation – qui court jusqu’à la fin 2018 – a permis de réduire l’abondance de l’offre et de pousser les prix vers le haut, le baril remontant autour de 80 dollars, contre 30 dollars en janvier 2016, dopé par les incertitudes autour de l’Iran et du Venezuela. Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, a même évoqué la perspective d’un baril à 100 dollars.
Le ministre russe de l’Energie, Alexandre Novak, a dit que les réductions actuelles revenaient en réalité à 2,7 millions de bpj compte tenu de la baisse de la production vénézuélienne – soit quelque 1 million de bpj de plus que prévu dans l’accord.
Il a cependant refusé de se prononcer sur la question de savoir si l’Opep et la Russie décideraient ou non de relever la production d’un million de bpj à sa prochaine réunion de juin.
« Nous n’avons pas intérêt à une hausse des prix sans fin, 60 dollars nous convient », a expliqué vendredi soir le président russe, Vladimir Poutine, lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg.
Il a jugé « équilibré » un prix du baril à 60 dollars, « suffisant pour prévoir des investissements et les mettre en oeuvre ». Il ajouté que des prix supérieurs pouvaient « créer des problèmes pour les pays consommateurs », affecter l’économie mondiale et favoriser les concurrents de la Russie tels les producteurs de pétrole de schiste aux Etats-Unis.
La Russie est un des trois plus importants producteurs de pétrole dans le monde et son soutien est crucial pour que l’accord sur la réduction de la production porte ses fruits.