Une ONG invite l’AFD à ne plus financer les énergies fossiles en Afrique subsaharienne




Dans un rapport publié le 30 octobre, Oxfam France estime que le manque actuel d’infrastructures dans la région peut être une chance de développer des systèmes électriques « plus adaptés au contexte africain », en accord avec les objectifs de l’Accord de Paris sur le climat

 

En décembre 2015 en France, lors de la 21e conférence de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, 195 délégations avaient approuvé l’Accord de Paris sur le climat énonçant des mesures pour limiter la hausse de la température à 2° C d’ici 2100. Parmi ces mesures, les signataires de l’Accord de Paris sur le climat avaient convenu, entre autres, du désinvestissement dans les énergies fossiles en rendant les flux financiers compatibles avec les perspectives de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

La décarbonisation du secteur de l’énergie, qui représente deux tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre, est une priorité dans les politiques énergétiques des pays dits « développés ».

Dans un rapport publié lundi 30 octobre 2017, Oxfam France s’indigne cependant du fait qu’à l’Agence française de développement (AFD) – institution financière publique mettant en œuvre la politique du gouvernement français dans de nombreux pays à travers le monde – « 8 % des financements énergie vont encore à des projets fossiles, principalement des centrales à gaz et au fioul lourd ».

Le document rendu public lundi est intitulé : « Des énergies renouvelables pour lutter contre la pauvreté”. Le rôle de la France dans la transition énergétique en Afrique subsaharienne ».

Pour les données de son rapport, l’ONG explique avoir mené une analyse de projets énergétiques soutenus par l’AFD et Proparco, sa filiale dédiée au secteur privé, sur les dix dernières années : en Amérique Latine, en Afrique et en Asie du Sud-Est.

Depuis 2009, relève Oxfam, les financements de l’AFD s’élèvent en moyenne à 1,5 – 2 milliards d’euros par an. Les financements énergie de l’Agence sont concentrés à 70% sur l’Afrique dont 50% sur l’Afrique subsaharienne.

Alors qu’ailleurs, dans les pays « développés », on planifie la transition énergétique, Oxfam estime que l’Afrique subsaharienne pourrait directement faire “un bond technologique en sautant la case des énergies fossiles et en choisissant un développement respectueux de l’environnement qui répond aux besoins des plus vulnérables”.

“Le manque actuel d’infrastructures peut être une chance de développer des systèmes électriques mieux conçus et plus adaptés au contexte africain, sans être entravé par un modèle déjà en place”, écrit l’Organisation.  

Energies renouvelables

Considérant les objectifs climatiques de réduction des gaz à effet de serre, Oxfam France suggère à L’AFD de montrer l’exemple en se désengageant complètement des énergies fossiles. Pour les pays tenant à ces énergies dans leur mix énergétique, l’Agence est invitée à soutenir des projets permettant d’ « accélérer la transition vers les énergies renouvelables et non le renouvellement du parc fossile ».

En 2016, l’AFD  a mobilisé 4 milliards d’euros « quasi exclusivement sous formes de prêts », informe encore cette association qui lutte contre la pauvreté et les inégalités. Selon les données compilées, l’Agence finance plus des projets d’infrastructure qui ont une certaine rentabilité économique  et très peu de projets dédiés de politiques d’énergie durable.

Une tendance que Oxfam France suggère de corriger. « De nombreux pays manquent d’expertise technique et pourraient développer une vision plus globale de leurs politiques énergétiques en lien avec le développement et la lutte contre la pauvreté ».

Dans cette optique, parmi ses recommandations, l’ONG plaide pour l’amélioration des choix stratégiques de l’AFD et du gouvernement français afin que le soutien financier atteigne “un milliard d’euros de dons d’ici 2022, afin notamment de financer des projets d’énergies renouvelables décentralisées et l’adaptation au changement climatique ».

Oxfam recommande également de « consacrer au moins 50 % des financements climat et au moins 50 % des financements énergie aux pays les moins avancés qui ont les besoins les plus importants »; « soutenir aussi financièrement l’élaboration de politiques énergétiques visant des systèmes 100% renouvelables à moyen terme ».

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *