L’OFAC note une « pression importante des industries extractives » sur les aires protégées d’Afrique centrale




Des permis d’exploitation gazière et pétrolière sont déjà accordés dans 27 % des 206 aires protégées et le pourcentage « monte à 60% si on inclut l’industrie minière », d’après un rapport publié le 29 juin par l’Observatoire des forêts d’Afrique centrale (OFAC)

 

Près de la moitié des 206 aires protégées d’Afrique centrale est menacée par l’exploitation pétrolière et gazière, selon le rapport « Etat des aires protégées 2020« ,  publié le 29 juin par l’Observatoire des forêts d’Afrique centrale (OFAC).

« Le pourcentage monte à 60% si on inclut l’industrie minière. Des permis sont déjà accordés dans 27 % des aires protégées », a précisé dans un communiqué Georges Belmond Tchoumba, coordinateur régional du programme Forêt du WWF en Afrique centrale. « Nous nous sommes rendu compte qu’il y a une pression importante des industries extractives sur les aires protégées de manière spécifique, mais sur les aires de conservation de manière plus large », a insisté M. Tchoumba lors d’une conférence en ligne.

Les aires protégées recouvrent dix pays d’Afrique centrale, dont le Cameroun, le Tchad, la République démocratique du Congo ou bien encore le Gabon. Des experts ont appelé les États de la région à concevoir des plans d’aménagement de leur territoire afin de trouver un compromis entre la nécessité d’exploiter les ressources naturelles pour leur développement économique et l’impératif de préserver la nature.

Si « l’Afrique centrale remplit quasiment les objectifs internationaux en termes de superficie protégée », qui couvrent 800 000 km2, « ces aires sont souvent malmenées et témoignent d’une gestion qui pourrait être améliorée », regrettent les auteurs du rapport.

Les industries extractives représentent un secteur économiquement puissant. Les aires protégées font ainsi face à une asymétrie de moyens et d’investissements, et sont défavorisées lors des débats autour des politiques de développement économique, assure le rapport. Plusieurs pays de la région, comme le Tchad ou encore la Centrafrique, sont, selon l’ONU, parmi les pays les plus pauvres au monde.

« C’est oublier l’importance de la biodiversité pour un développement durable », a déploré Charles Doumenge, chercheur au Cirad et premier éditeur scientifique du rapport. « On sait, par exemple, que conserver une bonne couverture forestière permet d’améliorer la fertilité des sols et d’augmenter la pluviométrie, ce qui assure une protection pour le secteur agricole et donc la sécurité alimentaire d’une région », a-t-il ajouté, cité dans le communiqué.

Plutôt que d’opposer conservation et développement, les auteurs du rapport proposent de renforcer la gestion des impacts des industries extractives : les bannir dans certaines zones très riches en biodiversité ; les permettre dans d’autres zones selon des conditions strictes guidées par des études d’impacts environnementaux.

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