Cameroun: les mesures et normes prises pour assurer la sécurité dans le secteur de l’électricité




Par Charles Booto à Ngon, Directeur général de l’Agence des normes et de la qualité du Cameroun (ANOR)

 

Les produits qui ne respectent pas les normes représentent un danger pour les consommateurs. Consciente de cette réalité, l’Agence des Normes et de la Qualité a élaboré une batterie de mesures dans le secteur de l’électrotechnologie. Il s’agit ici de protéger les populations locales et l’environnement.

La qualité de service et des produits fournis dans ce secteur présentaient encore au Cameroun, jusqu’à une période récente, un tableau très sombre caractérisé par :

  • un marché dominé par les produits électriques et électroniques contrefaits ou de mauvaise qualité, responsables de nombreux accidents dont des électrocutions et des incendies ;
  • des baisses de tension ;
  • des coupures fréquentes dans le réseau de distribution d’énergie électrique.

Une situation douloureuse, favorisée par deux faits majeurs qui relèvent désormais de l’histoire ancienne : le peu d’intérêt affiché par les parties prenantes sur l’importance de la norme et l’absence même de ces normes dans la régulation des activités de l’électrotechnique. Il faut préciser que jusqu’en décembre 2015, le Cameroun n’avait homologué qu’une seule norme dans le secteur de l’électricité.

La stratégie mise en place

Pour mettre progressivement un terme à cette situation déplorable, le Directeur Général de l’Agence des Normes et de la Qualité a pris trois importantes décisions.

La première date du 19 juillet 2012. Elle porte création, organisation et fonctionnement du Comité Electrotechnique National (CEN), organe à but non lucratif placé auprès de l’ANOR avec pour mission de tirer profit de l’adhésion du Cameroun à la Commission Electrotechnique Internationale (IEC). Il s’agit ici de la plus vieille institution internationale de normalisation qui dispose d’un patrimoine de plus de 9 000 normes, auxquelles travaillent près de 7 000 experts originaires de 189 pays. Le CEN Cameroun est piloté par le directeur général adjoint de l’Arsel, M. Honoré Demenou Tapamo.

Le Cameroun, à travers son CEN, fait partie d’un vaste programme des pays affiliés à l’IEC, qui demeure la principale organisation mondiale publiant les normes internationales pertinentes dans les domaines de l’électricité et l’électrotechnique. Notre pays participe ainsi aux travaux de l’IEC, sans frais, avec la possibilité d’avoir accès à près de 400 normes internationales.

La deuxième décision a été prise le 14 décembre 2015. Elle porte création, organisation et fonctionnement du Comité Technique (CT) 18 Electricité et Electronique ; avec des missions bien précises : «l’élaboration et l’adoption des normes du secteur électricité et électrotechnique, l’appui et le suivi à la promotion de l’application et à la vulgarisation de ces normes… »

La troisième décision, quant à elle, a été signée le 25 janvier 2016. Elle constate la composition du Comité Technique CT 18 : Electricité et électrotechnique.

Aussi bien le CEN que le CT 18 ont comme membres des représentants de différentes entreprises (producteurs, distributeurs, importateurs, exportateurs, utilisateurs, etc), sans oublier ceux issus des administrations publiques, des universités, des organismes et associations intervenant dans le secteur de l’électricité et de l’électronique. Un deuxième Comité Technique(CT) 19, sur les énergies nouvelles et renouvelables est par ailleurs opérationnel.

En outre, le Gouvernement par l’entremise de l’ANOR, a mis en œuvre depuis le 31 août 2016, le Programme d’Evaluation de la Conformité Avant Embarquement des marchandises importées en République du Cameroun (PECAE). Le PECAE est un mécanisme de contrôle qui permet de s’assurer que certains produits spécifiques importés au Cameroun, et dont les normes sont rendues d’application obligatoire, ne constituent pas une menace pour la santé et la sécurité des consommateurs. Une évaluation desdits produits est faite dans des organismes d’évaluation de la conformité de renommée mondiale, mandatés par l’Etat (INTERTEK et SGS), avant leur arrivée au Cameroun. Près de 800 produits, y compris ceux issus du secteur de l’électricité et de l’électrotechnique, passent désormais par ces inspections avant embarquement vers notre pays.

Les retombées

Les résultats de ces mesures visant à sécuriser les utilisateurs du matériel électrique, y compris les opérateurs du secteur de l’électricité, ne se sont pas fait attendre. Et pour preuve, il existe à ce jour près de 200 normes dans le secteur de l’électrotechnologie. Elles peuvent être classées en deux groupes : le premier groupe concerne les normes de sécurité sur les appareils électroménagers, les câbles et le matériel électrique ; et le second lot rassemble les normes sur les appareils électriques, les câbles de communication, le comptage électrique encore appelé métrologie électrique.

La plupart de ces normes sont d’application obligatoire. La plus usuelle est la norme NC 244 sur les installations électriques basse tension. Elle est devenue d’application obligatoire à la suite d’un Arrêté ministériel conjoint Ministère de l’Industrie, des Mines et du Développement Technologique et Ministère de l’Eau et de l’Energie.

Le Cameroun a l’ambition de devenir un pays émergent à l’horizon 2035 et de nombreux projets structurants ont été engagés ou sont en cours d’exécution pour atteindre cet objectif ; d’où l’interpellation de l’ANOR vis-à-vis de toutes les parties prenantes impliquées dans les activités de l’électrotechnologie pour :

– une plus grande implication dans le processus d’élaboration des normes à travers le CEN et les Comités Techniques mis en place,

– la prise en compte des normes nationales dans leurs prescriptions techniques dans le cadre des approvisionnements, des achats d’équipements et des procédures d’exploitation,

– l’acquisition des normes qui, pour certaines, bénéficient d’une réduction substantielle grâce au statut du Cameroun auprès de l’IEC.

Il est important de noter par ailleurs qu’en plus de l’avantage financier sus évoqué, la mise en application des normes non seulement protège le patrimoine de l’entreprise et les usagers, mais ouvre également de nombreuses perspectives sur le plan du commerce international.

 


  • Tribune initialement publiée dans Cameroon Tribune

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