Nigeria: amendement sur la loi pétrolière envisagé après la volte-face sur les subventions des carburants




L’actuel gouvernement va proposer de reporter de 18 mois l’arrêt du système de subventions, laissant la décision sur leur avenir entre les mains du gouvernement qui sera issu de la prochaine élection

 

Le gouvernement du Nigeria a annoncé renoncer une nouvelle fois à la suppression des subventions des carburants, une mesure extrêmement populaire dans le pays le plus peuplé d’Afrique, un an avant l’élection présidentielle.

Le ministre du Pétrole, Timipre Sylva, a indiqué, mardi 25 janvier, que l’actuel gouvernement allait proposer de reporter de 18 mois l’arrêt du système de subventions, laissant la décision sur leur avenir entre les mains du gouvernement qui sera issu de la prochaine élection.

En ce qui concerne la loi sur l’industrie pétrolière, promulguée par le président nigérian le 16 août 2021 et qui prévoyait de laisser les forces du marché fixer le prix de l’essence, Timipre Sylva a indiqué qu’il y aura « un amendement […] à cause de ce développement ».

Actuellement, le litre d’essence au Nigeria coûte en moyenne 165 nairas (environ 35 centimes d’euros).

M. Sylva a rejeté les inquiétudes concernant les pressions de la Banque mondiale contre le maintien du système en place. « Nous devons regarder la réalité de notre pays. La Banque mondiale ne peut pas diriger le Nigeria pour nous », a-t-il déclaré.

Confronté à une grave crise budgétaire, le gouvernement avait d’abord proposé de supprimer ces subventions décriées qui siphonnent chaque année des milliards de dollars des caisses publiques, mais qui permettent aux stations-service de vendre une essence à des prix très en dessous du marché.

C’est là toucher un sujet très sensible et donc potentiellement explosif: les consommateurs nigérians considèrent l’accès à du carburant bon marché comme un des rares privilèges qu’ils tirent de leur puissance pétrolière, minée par la pauvreté.

En novembre, la ministre des Finances Zainab Ahmed avait déclaré vouloir mettre fin à cette mesure « insoutenable » d’ici juin, en accord avec les priorités fixées par la Banque mondiale (BM) et le Fonds monétaire international (FMI). Mais pour acheter la paix sociale, le gouvernement a finalement annoncé changer d’avis.

« Il est clair que le timing est problématique, qu’il y a toujours une inflation croissante et que la suppression des subventions ne ferait qu’aggraver la situation et ferait peser plus de difficultés sur les citoyens », a déclaré lundi Mme Ahmed devant les sénateurs.

Mme Ahmed avait auparavant proposé de remplacer les subventions par « une aide mensuelle de 5 000 nairas » (près de 11 euros), distribuée « à 30 ou 40 millions Nigérians » parmi les plus démunis.

Le syndicat national nigérian NLC, qui avait prévu de manifester jeudi contre toute tentative d’arrêt du système de subventions, a annoncé mardi qu’il annulait cette manifestation.

La BM a recommandé au Nigeria d’y mettre fin dans les six prochains mois pour réduire la pression sur le budget de l’Etat, investir dans les besoins infrastructurels de développement et diversifier l’économie qui repose principalement sur les exportations d’or noir.

Depuis les années 1970, l’État fédéral prend en charge une partie du coût des produits pétroliers. En novembre 2021, la ministre des Finances Zainab Ahmed avait indiqué que la subvention coûtait au gouvernement nigérian environ 250 milliards de nairas (607,9 millions de dollars) par mois.

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