Le Département fédéral des Affaires étrangères de la Confédération suisse indique avoir saisi le Tribunal international du droit de la mer le 21 mai en demandant à la juridiction d’ordonner au Nigeria de lever l’immobilisation du San Padre Pio, de son équipage et de sa cargaison
Après des avertissements, la Suisse a finalement demandé au Tribunal international du droit de la mer de l’ONU d’ordonner au Nigéria de libérer un cargo-pétrolier battant pavillon suisse saisi par la marine nigériane et immobilisé depuis 16 mois à Port Harcourt.
Dans un communiqué envoyé à l’AFP, le Département fédéral des Affaires étrangères a indiqué avoir saisi le Tribunal international du droit de la mer le 21 mai en demandant à la juridiction d’ordonner au Nigeria de lever l’immobilisation du San Padre Pio, de son équipage et de sa cargaison.
« La Suisse demande que le tribunal libère le navire, y compris l’équipage et la cargaison, et suspende les poursuites en cours au Nigeria », selon le communiqué.
Les autorités nigérianes avaient arraisonné et saisi le navire en janvier 2018, au large de Port Harcourt, dans l’État nigérian de Rivers, alors qu’il procédait à des transferts de gasoil de navire à navire, selon la Radiotélévision suisse (RTS).
La marine nigériane accuse l’équipage du navire de trafic illégal, violation du territoire et contrebande de gasoil; des allégations rejetées par le capitaine qui affirme avoir obtenu toutes les autorisations nécessaires.
Le navire-citerne, qui peut transporter une cargaison de près de 5 500 tonnes, est piloté par un équipage ukrainien. Il appartient à la compagnie ABC Maritime, basée à Nyon (commune suisse du canton de Vaud). Une partie de l’équipage a pu quitter le navire mais quatre officiers ukrainiens y sont encore présents.
La situation est « difficile à supporter pour les officiers », a souligné le ministère, relevant que le navire ainsi que la cargaison perdaient de leur valeur d’une manière continue, causant un préjudice croissant pour les sociétés concernées.
Les sociétés privées ne sont pas les seules concernées. Selon la RTS, la Suisse s’est portée garante pour le navire à hauteur de plusieurs millions de francs suisses (1 CHF: 0,90 euros) ce qui signifie que si la compagnie de navigation n’honore pas ses paiements, c’est la Confédération helvétique qui devra payer, avec l’argent des contribuables.
« La détention continue du navire, y compris de son équipage et de sa cargaison, a pour conséquences des dommages irréparables pour la Suisse », a averti le ministère.