Les entreprises impliquées dans le projet, dont le groupe français Total qui a le statut d’opérateur, craignent les attaques djihadistes à répétition à l’instar de la récente attaque à Palma
Le groupe français Total, opérateur du projet de gaz naturel liquéfié de la zone Offshore 1 (projet Mozambique LNG) a évacué tout son personnel sur le site gazier dans le nord-est du Mozambique, après l’attaque djihadiste dans la ville voisine de Palma.
Les activités étaient à l’arrêt complet le 02 avril, alors que Total avait annoncé le 24 mars la reprise du projet qui représente un investissement total de 20 milliards de dollars (16,9 milliards d’euros) après un renforcement des mesures de sécurité.
Le 24 mars, des groupes armés ont attaqué la ville portuaire de Palma, tuant des dizaines de civils, policiers et militaires. Le raid soigneusement préparé, lancé à seulement quelques kilomètres du méga-projet gazier, sur la péninsule d’Afungi, a été revendiqué par le groupe Etat islamique (EI).
« Total a pris la décision d’évacuer l’ensemble du personnel. A cet instant, toutes les installations sont abandonnées », a affirmé vendredi à l’AFP une source militaire.
Par ailleurs, des milliers de personnes qui ont fui Palma ont afflué depuis neuf jours vers le site de la péninsule d’Afungi.
Malgré plusieurs évacuations par bateau vers le port de Pemba, à plus de 200 km, le nombre des déplacés n’a cessé de gonfler. Vendredi, près de 15 000 personnes se trouvaient dans la concession gazière, plusieurs milliers aux portes mêmes du site.
Selon les Nations unies, la région de Palma abrite quelque 110 000 habitants, dont plus de 40 000 ayant fui d’autres attaques dans la province de Cabo Delgado, théâtre d’une insurrection islamiste depuis 2017.
Les forces gouvernementales mozambicaines ont annoncé en début de semaine la reprise de la ville côtière de Palma.
« Nous avons achevé le nettoyage (de la ville). (…) Elle est complètement sûre », a assuré lundi 05 avril Chongo Vidigal, porte-parole de l’armée à la chaîne de télévision publique TVM.
Palma est un important nœud logistique situé près de nombreux projets gaziers pesant 60 milliards de dollars (environ 51 milliards d’euros), pilotés par des majors pétrolières dont Total.
Les groupes armés, connus localement sous le nom d’Al-Shabab (« les jeunes » en arabe), ravagent la province du Cabo Delgado, pauvre mais riche en gaz naturel, frontalière de la Tanzanie, depuis plus de trois ans.
Le projet Mozambique LNG est exploité par le groupe français Total – via Total E&P Mozambique Area 1 Limitada (26,5%) -; aux côtés du japonais Mitsui – via Mitsui E&P Mozambique Area1 Limited (20%) -; la compagnie nationale des hydrocarbures du Mozambique ENH – via ENH Rovuma Área Um, S.A. (15%) -; ONGC Videsh Rovuma Limited (10%), Beas Rovuma Energy Mozambique Limited (10%); l’indien Bharat Petroleum – via BPRL Ventures Mozambique B.V. (10%) -; et le thaïlandais PTTEP – via PTTEP Mozambique Area 1 Limited (8,5%).
Le début de la production de gaz naturel liquéfié est envisagé en 2024.