Cameroun: le gestionnaire de la centrale à gaz de Kribi réclame le paiement d’une facture de 70 millions d’euros à ENEO




La KPDC et ses partenaires financiers estiment que les arriérés de paiement de la société nationale de production et de distribution de l’électricité doivent être solutionnés par le gouvernement pour ne pas affecter tout le secteur énergétique du Cameroun

 

Kribi Power Development Company S.A. (KPDC), filiale de la firme britannique Globeleq – producteur indépendant d’énergie – réclame une facture de 46 milliards de F CFA (environ 70 millions d’euros) à l’opérateur national de production, transport et distribution de l’électricité au Cameroun: Eneo.

Ce montant – présenté par le directeur général de la KPDC, Hans Francis Simb Nag, dans l’édition du quotidien gouvernemental du 05 décembre – correspond aux arriérés de paiement liés à la fourniture d’énergie produite par la centrale à gaz de Kribi (216MW); énergie régulièrement injectée dans le Réseau Interconnecté Sud (RIS).

Pour rappel, dans un communiqué signé le 10 novembre 2017, le DG de la KPDC avait notamment indiqué qu’il avait dû “réduire la production de la centrale de 100 MW depuis le 1er novembre 2017, suite à l’augmentation des arriérés de paiement des factures de fourniture d’énergie électrique à son client unique Eneo Cameroon, arriérés qui ont atteint un seuil critique”. Situation qui ne permettait plus à KPDC de “financer ses opérations de manière adéquate”.

Ainsi, au lieu des 216 MW, la centrale ne fournirait plus que 115 MW avec sept générateurs en service, au lieu de 13, pour des raisons de trésorerie.

“Avec des arriérés aussi importants, nous ne pouvons pas continuer à faire tourner les machines alors que nous avons aussi des charges à payer, dont le gaz et les pièces de rechange”, a relevé le DG de la KPDC dans la presse publique mardi.

Etat – Eneo

Le retard enregistré dans le paiement de la facture due à la KPDC est lié à la dette des administrations publiques envers Eneo, a appris Energies-Media auprès d’une source proche du dossier au sein d’Eneo, filiale du fonds d’investissement britannique Actis Energy.

Contacté par Energies-Media il y a un peu plus d’un mois sur les questions liées à la dette des institutions et administrations publiques, à distinguer de l’Etat actionnaire de la société, le directeur général d’Eneo – Joel Nana Kontchou –  avait expliqué : “le recouvrement des impayés de tous nos clients est en effet une préoccupation majeure pour Eneo Cameroon car les besoins en investissement sont très élevés pour assurer une bonne qualité de service.”

“Les dettes sont reconnues et avec l’Etat-client, le recouvrement suit un schéma simple : les discussions se tiennent régulièrement et un planning de paiement est très souvent mis en place.  Notre dette ne souffre d’aucune contestation et la bonne foi est manifeste entre les deux parties”, avait assuré le DG.

Le montant de la dette des administrations publiques ne nous avait pas cependant été communiqué, “pour des raisons éthiques”.

La source contactée à Eneo par Energies Media cette semaine a émis le même point de vue que M. Nana Kontchou. “En général on recouvre nos dettes auprès de l’Etat. Le seul problème se trouve dans le rythme”, a-t-elle relevé.

Elle a par ailleurs fait observer que le montant de la dette des institutions et des administrations publiques est “supérieure à la dette actuelle d’Eneo envers la KPDC”.

La situation semble néanmoins inquiéter des partenaires financiers de la KPDC et d’Eneo, à l’instar de la Banque européenne d’investissement.

“Nous nous sentons concernés par le problème de restructuration de la dette, du paiement des arriérés tant au distributeur Eneo qu’au producteur KPDC. C’est une situation qui doit être urgemment solutionnée par le gouvernement. Surtout que Eneo est rentrée dans une situation de défaut technique en octobre dernier, où elle n’a pas remboursé la tranche de paiement des bailleurs de fonds et ça pose problème par rapport aux financements futurs. On espère, par-dessus tout, que cette situation va rester isolée et limitée à Eneo et que le reste du secteur énergétique ne sera pas contaminée”, a confié Andrea Pinna, Représentant régional de la BEI en Afrique centrale avec bureau au Cameroun, dans une déclaration faite mardi dans la presse publique.

La BEI a contribué au financement de la centrale à gaz de Kribi à hauteur d’environ 29 millions d’euros (près de 18,6 milliards de F CFA).

Reaction(s) :

  1. Trop de petits et grands voleurs surtout. Ca ne fonctionnera jamais. J ai une petite entreprise qui avait ete tres fier d obtenir des marchés de sociétés au nom prestigieux comme Eneo ou Orange ou autres. Quelle erreurs! Ils ne paient pas leurs factures sauf interventions huissiers

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