Les deux pays se disputent un vaste secteur maritime de plus de 100 000 km2, au sein duquel Nairobi a déjà accordé trois permis d’exploitation pétrolière à la compagnie italienne ENI qui sont contestés par Mogadiscio. Le Kenya conteste également une opération de mise aux enchères de blocs menée par la Somalie
La Somalie a lancé dimanche dernier, 17 février, un message d’apaisement au Kenya, en rappelant les « liens forts » unissant les deux pays, au lendemain de la décision du gouvernement kényan de rappeler son ambassadeur à Mogadiscio pour consultation, en raison d’un désaccord sur une zone maritime disputée.
« Les peuples somalien et kényan partagent de forts liens culturels et historiques qui ne peuvent pas être rompus ou affectés par un quelconque désaccord entre eux », a écrit dans un communiqué le ministère somalien des Affaires étrangères.
Se disant prêt à défendre l’intégrité territoriale de son pays « à tout prix », le gouvernement kényan avait annoncé samedi dans un communiqué avoir rappelé pour « consultations urgentes » son ambassadeur en Somalie et avoir demandé à l’ambassadeur somalien au Kenya de rentrer à Mogadiscio. Il disait vouloir protester contre la décision du gouvernement somalien de mettre aux enchères des gisements pétrolifères et gaziers dans une zone maritime disputée entre les deux pays, lors d’une conférence le 7 février à Londres.
Il reprochait à Mogadiscio d’avoir ainsi voulu « satisfaire des intérêts commerciaux résidant en terres étrangères », notamment au Royaume-Uni et en Norvège. Une accusation récusée dimanche par les autorités somaliennes. « La Somalie n’offre pas maintenant et n’envisage pas d’offrir un quelconque gisement dans la zone maritime disputée, avant que la frontière maritime entre les parties soit décidée par la CIJ (Cour internationale de Justice) », ajoute le ministère somalien des Affaires étrangères. « À cet égard, le gouvernement somalien entend réaffirmer au gouvernement kényan son engagement à ne mener aucune activité unilatérale dans la zone disputée jusqu’à ce que la CIJ rende son jugement. La Somalie souhaite également réaffirmer au Kenya que quand la CIJ rendra son jugement, elle le respectera pleinement ».
La CIJ, plus haute instance judiciaire des Nations unies, a commencé en septembre 2016 à La Haye à entendre les arguments des deux parties au sujet de la délimitation de leur frontière maritime, au sein d’une zone potentiellement riche en réserves de pétrole et de gaz dans l’océan Indien.
La Somalie et le Kenya se disputent un vaste secteur maritime de plus de 100 000 km2, au sein duquel Nairobi a déjà accordé trois permis d’exploitation pétrolière à la compagnie italienne Eni qui sont contestés par Mogadiscio.
Selon la Somalie, située au nord-est du Kenya, la frontière maritime devrait s’étirer en direction du sud-est, selon une ligne médiane entre les deux pays. À l’opposé, Nairobi revendique pour délimitation une ligne droite partant de la frontière terrestre entre les deux pays vers l’Est.
Le Kenya rappelle qu’il exerce sa souveraineté sur la zone contestée depuis 1979, lorsqu’il a proclamé les limites de sa zone économique exclusive. Nairobi affirme également s’être accordé en 2009 avec Mogadiscio pour résoudre le différend par des négociations, et non par un arbitrage judiciaire. Le Kenya a vainement tenté d’obtenir que la CIJ se déclare incompétente.