Le géant suisse de négoce des matières premières a reçu une injonction le 02 juillet 2018 pour vérifier si les activités de l’entreprise dans trois pays (Nigeria, RDC, Venezuela), de 2007 à ce jour, ont été menées en respectant les lois anticorruption et contre le blanchiment d’argent
Glencore a reçu une injonction de la justice américaine, sommant le géant des matières premières de remettre des documents relatifs à des activités en Afrique et en Amérique du Sud. Le groupe basé à Baar, dans le canton suisse de Zoug, se trouve déjà dans le viseur du régulateur britannique et suisse.
Glencore s’est vu signifier par le Département américain de la Justice (DoJ) l’obligation de produire des documents prouvant le respect par la société des lois anti-corruption et contre le blanchiment d’argent, a précisé l’entreprise dans un bref communiqué publié ce mardi.
Cette demande vise les activités de Glencore au Nigeria, en République démocratique du Congo (RDC) et au Venezuela entre 2007 et aujourd’hui.
Le géant du négoce des matières premières possède des actifs pétroliers au Venezuela et au Nigéria. En RDC, l’entreprise opère dans des mines de cuivre et de cobalt.
En mai, l’agence Bloomberg avait rapporté que l’autorité anticorruption britannique (Serious Fraud Office, SFO) était sur le point d’ouvrir une enquête officielle sur les activités de Glencore en RDC. L’enquête porterait en particulier sur les relations du groupe zougois avec l’homme d’affaires israélien Dan Gertler et ses contacts avec les dirigeants du pays.
M. Gertler est étroitement lié au président congolais Joseph Kabila. Il a été mis en cause dans des enquêtes pour corruption par les autorités américaines et britanniques. Les Etats-Unis lui ont infligé une sanction en décembre dernier.
Nouveau code minier en RDC
La RDC a par ailleurs promulgué le 9 mars un nouveau code minier, instaurant une redevance de 10% sur les métaux « stratégiques » extraits du sous-sol du pays d’Afrique centrale, contre 2% précédemment.
Glencore, à l’instar d’autres multinationales minières, négocie depuis âprement avec le pouvoir congolais et s’est notamment retiré de la Fédération des entreprises congolaises (FEC) afin de protester contre les lacunes de ces dernières en matière de protection de ses intérêts.
Fin 2017, l’ONG Public Eye a déposé une dénonciation pénale auprès du ministère public de la Confédération (MPC) concernant les activités de Glencore en RDC. La procédure doit déterminer si le groupe a failli à prévenir des comportements illicites.
La cotation primaire de Glencore sur la place londonienne suit depuis la fin de l’année dernière une évolution en dents de scies, au gré des accusations, des révélations de soupçons, mais aussi des règlements de litiges.