Gabon: suite à la réquisition par l’Etat de la SEEG, Veolia demande à la Banque mondiale d’intervenir




Continuant à dénoncer la résiliation de sa concession de distribution d’eau et d’électricité au Gabon, le groupe français a annoncé, vendredi 09 mars, qu’il a demandé l’ouverture d’une conciliation auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements

 

La Société d’énergie et d’eau du Gabon (SEEG), filiale du groupe français Veolia, a demandé l’ouverture d’une conciliation auprès du Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi), instance de la banque mondiale, à la suite de la rupture de son contrat de concession par l’État gabonais, a annoncé le groupe vendredi, 09 mars.

« Cette demande fait suite à la réquisition des actifs et du personnel et à la résiliation brutale de la concession de service public de production, de transport et de distribution d’eau potable et d’énergie électrique par la République du Gabon le 16 février », ajoute Veolia dans un communiqué. « La résiliation et la réquisition sont illégales » et « ont causé un très grave préjudice » à la société, ajoute le groupe, dénonçant des « actes brutaux ».

L’État gabonais a rompu son contrat avec la SEEG le 16 février 2018, pourtant renouvelé pour cinq ans en mars 2017, pour « dégradation de la qualité du service rendu aux usagers ». Depuis cette résiliation, l’entreprise comme le gouvernement gabonais multiplient les interventions dans les médias et les accusations mutuelles, sur fond de désaccord sur le montant d’investissements de chacune des parties.

Après « l’expropriation brutale et soudaine de notre filiale, la SEEG, nous avons fait l’objet d’une campagne de diffamation considérable », a dit à l’AFP Helman le Pas de Sécheval, secrétaire général du Groupe Veolia, joint par téléphone vendredi. « Nous avons considéré que le moment était venu de mettre un terme à tout ça », a-t-il ajouté.

Le Gabon pour sa part estime que Veolia n’est « pas au rendez-vous » tandis que le groupe répond que les règles du contrat initial en matière d’investissements publics « n’ont pas été respectées ». Le gouvernement gabonais avait aussi accusé mardi 27 février l’entreprise française de pollution sur son sol. « Sur la quasi-totalité des sites exploités par la SEEG, il existe d’importants dégâts environnementaux », avait déclaré Alain-Claude Bilie By Nze, ministre de la Communication.

Dans une interview accordée aux sites zonebourse.com et labourseetlavie.com le 04 mars, le ministre de l’Eau et de l’Energie du Gabon, Patrick Eyogo Edzang, avait soutenu les mêmes accusations. « Au-delà de la simple mauvaise qualité du service rendu aux Gabonais, également aujourd’hui on constate des graves problèmes de pollution, des sites ont été totalement pollués par les hydrocarbures et les huiles qui sont directement versées dans les rivières gabonaises, c’est vraiment scandaleux, un désastre écologique”, avait regretté Patrick Eyogo Edzang.

“La réquisition pour motif d’intérêt général elle est tout à fait légale, et même si elle n’est pas inscrite dans un contrat, elle se pratique même au niveau international, je crois que nous n’avons pas violé de loi du tout, les lois sont encadrées dans notre pays, c’est la loi 3/85 (NDLR loi n° 3/85 du 27 juin 1985 fixant le régime juridique des réquisitions civiles des biens et services), nous l’avons scrupuleusement suivie et nous sommes juridiquement bornés”, avait par ailleurs relevé le ministre.

« Il y a eu diffusion de rumeurs par le gouvernement gabonais », a rétorqué le 09 mars M. le Pas de Sécheval, indiquant que Veolia a « démenti chaque allégation ».

La SEEG, présente depuis 1997 au Gabon dans le cadre d’un partenariat public-privé, avait le monopole de la distribution de l’eau et de l’électricité dans le pays. Elle était cependant régulièrement critiquée ces dernières années pour les nombreuses coupures de courant et autres pénuries d’eau à Libreville et dans les provinces du pays.

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