Par manque de perspectives, Naval Energies se retire de l’hydrolien




L’entreprise française a expliqué jeudi, 26 juillet, avoir tiré les conséquences de l’absence de soutien public à ces technologies dont le coût était jugé trop élevé

 

La filière française de l’hydrolien a connu jeudi, 26 juillet, un revers qui pourrait lui être fatal, avec l’annonce par Naval Energies de l’arrêt de ses investissements dans le secteur, un mois et demi seulement après avoir inauguré sa première usine de fabrication à Cherbourg.

L’entreprise spécialisée dans les énergies marines renouvelables, détenue à 60% par Naval Group et à 34% par le fonds SPI de la banque publique Bpifrance, a annoncé jeudi soir dans un communiqué qu’elle avait « décidé lors de son conseil d’administration extraordinaire du 25 juillet de mettre fin à ses investissements dans le domaine des hydroliennes », invoquant un manque de perspectives.

L’entreprise a expliqué avoir tiré les conséquences de l’absence de soutien public à ces technologies dont le coût était jugé trop élevé, alors que les élus locaux y voyaient une filière prometteuse d’emplois même si elle était très en retard en France.

Naval Energies a évoqué un « décalage entre l’offre technologique et la demande du marché » et dénoncé « le système de subventions qui n’apporte pas d’aides directes aux constructeurs », ne permettant pas à l’industrie de « financer seule » le développement de ce secteur.

« L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) (…) n’a prévu que 100 à 150 MW installés d’ici 2028, soit 50 turbines de 2 MW dans dix ans », a indiqué le groupe. Contacté par l’AFP, un porte-parole a précisé que Naval Energies allait « se recentrer sur ses deux autres principales activités: l’éolien flottant et l’énergie thermique des mers ».

Il a ajouté qu’une centaine de collaborateurs, dont une dizaine à Cherbourg, étaient concernés par l’arrêt de l’activité hydrolienne.

Les hydroliennes, turbines sous-marines qui transforment les courants marins en électricité, suscitent depuis de nombreuses années l’espoir d’une source d’énergie propre, sans les nuisances visuelles causées par les éoliennes. La France dispose au large de la Manche, à une demi-journée de Cherbourg, dans le raz Blanchard, du deuxième courant marin le plus puissant au monde et de nombreux autres « gisements » au large de ses côtes.

Naval Energies avait inauguré à la mi-juin, à Cherbourg, la première usine française de fabrication d’hydroliennes, alors que le gouvernement français ne cachait pas déjà des doutes sur l’avenir de la technologie.

La construction de l’usine, qui représentait un investissement de 10 millions d’euros financé en partie par les collectivités locales, avait démarré en juillet 2017. Avec seulement deux commandes fermes d’hydroliennes (au Japon et Canada), le site de 5 500 m2 tournait au ralenti avec juste une poignée de salariés.

Naval Energies, qui a investi 250 millions d’euros dans la filière depuis 2008, espérait des appels d’offres de l’État pour rentabiliser son outil de production. Ils ne sont jamais arrivés.

D’autres industriels sont présents sur la filière en France, dont la société britannique Atlantis, numéro un mondial.

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