De l’éthanol brésilien pour remplacer l’usage du pétrole (étude)




L’éthanol brésilien, combustible issu de la canne à sucre, pourrait remplacer 13,7% du pétrole consommé dans le monde estime la revue scientifique internationale Nature Climate Change

 

L’éthanol brésilien, combustible issu de la canne à sucre, pourrait remplacer 13,7% du pétrole consommé dans le monde estime la revue scientifique internationale Nature Climate Change.

Cette publication est le résultat de recherches menées par des universités américaines, britanniques, danoises et brésiliennes.

Selon les scénarios, l’éthanol produit sur 37,5 à 116 millions d’hectares brésiliens pourrait fournir l’équivalent de 3,63 millions à 12,77 millions de barils de pétrole brut par jour.

L’étude, validée le 12 septembre et mise en ligne le 23 octobre 2017, montre que la production d’énergie issue de la canne à sucre pourrait, à cette échelle, réduire les émissions globales d’oxyde de carbone (CO2) de 5,6% d’ici 2025.

Intitulée « Brazilian sugar-cane ethanol as an expandable green alternative to crude oil use », cette étude internationale s’inscrit dans le cadre de l’Accord Climat de Paris 2015 dont l’objectif est de réduire de 2° degrés le réchauffement de la planète, en substituant les énergies fossiles -dont le pétrole- par des énergies renouvelables.

Pour ce faire, l’Université d’Illinois a développé un software qui simule la pousse, heure par heure, de champs de canne-à-sucre du Brésil, en fonction de la composition des sols, de la fréquence des pluies et températures. De 2040 à 2050, 5 scénarios de changements climatiques ont été envisagés et 3 modèles d’extension de la canne ont été retenus.

Dans le premier scénario, explique la Fapesp – le CNRS brésilien rattaché à l’Université de Sao Paulo (USP)-, l’augmentation des terres plantées en cannes serait limitée aux aires de pâturage rendues disponibles par la densification actuelle de l’élevage.

Dans le second cas, l’extension de la canne prendrait non seulement en compte les terres dégradées par les pâturages mais aussi des terres actuellement considérées comme non nécessaires à la production d’aliments. Plus gourmand, le 3eme scénario envisage de coloniser également des terres couvertes de végétation native, sauf les forêts de l’Amazonie et les marais du Pantanal. Ces 3 scénarios, permettent au Brésil de planifier l’extension des champs de cannes, à l’heure actuelle, 1 à 2% des terres cultivables.

Pour comprendre ce que signifie cette augmentation des surfaces à l’échelle d’un pays grand comme deux fois l’Europe, il faut revenir en arrière. Au recensement agricole de 2006, les terres brésiliennes plantées en canne représentaient 6,3 millions d’hectares.

Dix ans plus tard, lors de la récolte 2016/17, ce sont 9 millions d’hectares plantées. Envisager 37 à 116 millions d’hectares en cannaies dans 20 à 30 ans, c’est multiplier les surfaces actuelles par 4 – l’équivalent de toute l’agriculture bio dans le monde – voire par 12.

Le Brésil est le second producteur d’éthanol derrière les Etats-Unis mais il en est le premier exportateur mondial. Parmi ses clients, les Européens qui visent 10% d’éthanol d’ici 2020 mais aussi les Japonais, qui placent les enjeux environnementaux, la question climatique et alimentaire au premier rang de leurs préoccupations.

Selon les auteurs, le bio-éthanol issu de la canne évite 86% du CO2 émis par le pétrole. En plantant massivement sur des surfaces dégradées, non sensibles sur le plan environnemental et non concurrentielles sur le plan alimentaire, il est possible de faire baisser la consommation mondiale de pétrole dans une fourchette de 4 à 14% et de réduire les émissions globales de CO2 de 1,5% à 5,6% (par rapport aux émissions de 2014).

Les auteurs, y compris américains, soulignent par ailleurs que la canne à sucre brésilienne gavée de soleil a un pouvoir énergétique très supérieur au maïs américain et à la betterave des Européens. Compte tenu de ses faibles émissions de CO2, l’éthanol est donc à court terme, le candidat idéal à une énergie de transition dans les transports.

Les Brésiliens ont développé cette filière en 1973, en réaction au 1er choc pétrolier.

Depuis 2003, tous leurs véhicules fonctionnent à l’éthanol ou à l’essence, au choix. Leurs moteurs dits «flex-fuel» s’adaptent. Le consommateur remplit son réservoir avec de l’essence (additionnée de 25% d’éthanol) ou avec du bio-éthanol hydraté (additionné de 5% d’eau) en fonction du prix, de l’autonomie, du rendement, de la disponibilité.

«Le Brésil a une production et une utilisation d’énergies renouvelables supérieure à la moyenne mondiale: 40% contre 13%. C’est dû, entre autres, aux 16% de biomasse de notre filière énergie, garantit Elizabeth Farina, présidente de l’UNICA, la principale fédération du secteur, basée dans l’État de Sao Paulo. A court et moyen terme, ce modèle pourrait être reproduit dans plusieurs pays, notamment africains et asiatiques, car ils auront du mal à assumer les Accords de Paris en raison de leur dépendance en pétrole».

 

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