Pour la Confédération des grandes entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI), les délestages de la Compagnie ivoirienne d’électricité représentent « une situation d’une extrême gravité qui entrainera des conséquences pour l’économie nationale »
La semaine dernière, de longues coupures d’électricité ont touché toutes les grandes villes de la Côte d’Ivoire, en particulier la capitale économique, Abidjan, métropole d’environ 5 millions d’habitants.
Principalement en cause, selon le ministère de l’Énergie, le bas niveau de l’eau des barrages dû à la faible pluviométrie et aux changements climatiques qui limite la production hydroélectrique et une insuffisance de l’offre de gaz naturel qui limite la production thermique. À cela sont venues s’ajouter des pannes à la centrale thermique d’Azito d’Abidjan qui génère le tiers de l’électricité du pays.
La Confédération des grandes entreprises de Côte d’Ivoire (CGECI, patronat) a été la première à dénoncer « une crise énergétique », dans un courrier adressé au Premier ministre ivoirien Patrick Achi. « Les perturbations sur le réseau électrique et les coupures d’électricité entraînent sur la période d’avril à août 2021, un déficit de 200 MW », affirme le patron des patrons ivoiriens, Jean-Marie Ackah.
La Compagnie ivoirienne d’électricité (CIE), unique distributeur, « veut combler ce déficit, à travers un plan de délestage de 145 grandes entreprises industrielles », sur cinq mois, selon M. Ackah, qui déplore « une situation d’une extrême gravité qui entrainera des conséquences pour l’économie nationale ». De son côté, Jean-Baptiste Koffi, président de la Confédération des consommateurs de Côte d’Ivoire (COC-CI), s’est élevé contre « des perturbations brusques et inattendues » qui « bouleversent aujourd’hui » la vie des consommateurs.
« L’électricité fait de plus en plus défaut, aussi bien sur les lieux de travail que dans les domiciles. La fréquence (…) des communiqués d’excuses de la CIE, annonçant des travaux en cours ainsi que la mobilisation régulière de ses équipes a achevé de convaincre les consommateurs qui en doutaient encore que le problème est sérieux et dépasse le cadre de la CIE : la Côte d’Ivoire est en délestage », a-t-il affirmé à l’AFP.
Pour lui, « cette situation inadmissible ne saurait perdurer » et il exhorte les autorités à répondre aux « attentes légitimes des consommateurs ». Il dit en outre craindre qu’une « baisse du régime d’activité au niveau industriel n’entraîne inéluctablement une baisse de quantités de produits sur le marché et par conséquent, un renchérissement des coûts ».
Constat partagé
Profitant de la fête du Travail du 1er mai, la centrale syndicale Humanisme, qui dit regrouper 187 organisations syndicales de 23 secteurs d’activités, a appelé « le gouvernement à résoudre le problème de coupures intempestives d’électricité », car « l’accès à l’électricité demeure une préoccupation pour le monde du travail ».
Pour Mamadou Soro, secrétaire général de la centrale, « ces coupures affectent gravement le secteur informel qui contribue à plus de 70% à l’économie nationale ».
La fourniture d’électricité de la Côte d’Ivoire est assurée à hauteur de 75% par deux centrales thermiques, celles de Ciprel (40%) et d’Azito (35%), le reste par des barrages hydroélectriques.
Détentrice d’un monopole de distribution, la CIE, privatisée en 1990 est la propriété du groupe franco-africain Eranove. Elle a déjà dû faire face à une fronde de ses clients, l’augmentation de ses tarifs ayant généré des conflits sociaux en 2016.
La Côte d’Ivoire avait un parc électrique de 2 229 mégawatts (MW) de puissance à fin 2019 et a exporté en 2020 11% de sa production d’électricité vers six pays voisins – Ghana, Togo, Bénin, Burkina Faso, Mali et Liberia – selon le ministère de l’Énergie.