Quelle compétitivité économique de l’Afrique par rapport aux autres régions au regard de la situation des infrastructures énergétiques ?




D’après les statistiques relayées dans l’édition 2018 des “Perspectives économiques pour l’Afrique”, l’électricité sur le continent est “non seulement rare et coûteuse, mais aussi peu fiable”. Illustration

 

L’adéquation, le coût et la qualité des infrastructures – de télécommunications, transports, énergie – sont des facteurs de productivité et de croissance économique.

Cependant, “à  l’inverse  des  autres  régions  en  développement,  l’électricité  en  Afrique [pour prendre ce secteur]  est  non  seulement  rare  et  coûteuse,  mais  aussi  peu  fiable”, peut-on lire dans les Perspectives économiques pour l’Afrique 2018, rapport publié par la Banque africaine de développement courant janvier.

Cet état a des répercussions sur l’activité économique et la rentabilité des entreprises.

“Entre  2006  et  2016,  79%  des  entreprises  d’Afrique  subsaharienne  ont  connu  des  pannes  d’électricité  –  en moyenne 8,6 pannes par mois, d’une durée moyenne de 5,7 heures […] En moyenne, les pannes d’électricité représentent l’équivalent d’un trimestre chaque année, ce qui augmente considérablement le temps d’arrêt ou expose les entreprises à des substituts de production d’électricité coûteux comme les groupes électrogènes. Jusqu’à présent, les progrès dans ce domaine ont été très lents. Près de 60% des entreprises opérant en  Afrique considèrent les infrastructures (pénuries d’électricité et coûts et goulets d’étranglement  dans le domaine des transports) comme la contrainte la plus forte qui pèse sur leur fonctionnement quotidien”, détaillent les auteurs de l’enquête.

Comparaisons sur l’accès aux infrastructures dans diverses régions du monde. Données de 2013 © PEA 2018

D’après les statistiques présentées par la BAD, le coût effectif moyen de l’électricité pour les entreprises manufacturières en Afrique se situe autour de 0,20$ par kWh, “soit un coût environ quatre fois plus élevé que les tarifs industriels pratiqués ailleurs dans le monde”.

La situation, affirme la banque de développement, reflète à la fois le coût élevé de l’électricité des services publics (environ 0,10$ par kWh) et la forte dépendance à l’égard de la production de secours en cas de pannes d’électricité fréquentes (environ 0,40$ par kWh).

“Même si la plupart des pays africains ont renforcé leur capacité de production d’électricité, leurs progrès dans sa distribution ont été péniblement lents, rendant l’électricité produite inutilisable à des fins productives”.

En cause, entre autres problèmes relevés: le manque de démarche programmatique permettant d’optimiser les ouvrages existants; la mauvaise gouvernance; la corruption, dans la mesure où elle amène parfois les fonctionnaires à privilégier des projets qui génèrent des gains matériels et politiques privés immédiats par rapport à des projets à fort potentiel social; l’impact de la corruption sur les coûts des projets et les délais de livraison; le manque d’entretien des infrastructures existantes, qui conduit à des déperditions dans la transmission et la distribution “pouvant atteindre 50% de la production d’électricité”; des connexions illégales et le sous-recouvrement des factures; de faibles capacité de gestion.

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