Au cours de son mandat, le Français avait mis en avant le souci de l’amélioration du service à la clientèle, comme son prédécesseur Joël Nana Kontchou, et l’amélioration des finances de l’entreprise
Après un mandat de trois ans à la tête de la société concessionnaire du service public de la production et de la distribution d’électricité du Cameroun, difficile de dire si Eric Mansuy a apprécié le chemin parcouru (il n’aurait pas été reconduit selon sa volonté).
Arrivé à la tête de la filiale de l’investisseur britannique Actis en janvier 2019, l’ingénieur électrotechnicien avait mis en avant, auprès de ses collaborateurs – comme relaté à Énergies Media par des sources internes -, le souci de l’amélioration du service à la clientèle, comme son prédécesseur Joël Nana Kontchou qui finit par démissionner après 4 ans et 5 mois.
Mais ce qui aura surtout accaparé le Français, c’était l’épineuse question de l’équilibre financier du secteur de l’électricité (payer les fournisseurs et les sous-traitants d’Eneo, mener les investissements attendus sur le réseau de distribution, dégager un excédent pour payer les dividendes aux actionnaires).
Dans son rapport annuel 2020, celui disponible à cette date, la société chargée de la distribution de l’électricité a publié un résultat net positif de 5,58 milliards de F CFA (8,5 millions d’euros) en 2020 contre une perte de 23 milliards de F CFA en 2019.
Avec les nouveaux branchements menés et la conversion de “consommateurs non reconnus” en “clients légaux”, la société a, selon ses chiffres, réalisé une “augmentation exceptionnelle” de 221 000 nouveaux abonnés en 2021 pour établir son portefeuille clients à 1,7 million, contre 123 000 nouveaux abonnés en 2019 et “bien moins des années plus tôt”.
Le séjour d’Eric Mansuy cadre avec quelques nouvelles positives pour la société, notamment le règlement fin 2021 du différend avec la Sonatrel dans le cadre duquel l’Etat a reconnu et payé une indemnité de 47 milliards de F CFA à la société pour sa sortie du réseau de transport; alors qu’elle courrait le risque de céder les actifs au niveau de transport de l’électricité par pertes et profits.
Autre point notable sur l’assainissement des relations avec les autres acteurs du secteur : la reconnaissance par Eneo des droits d’eau facturés par Electricity Development Corporation (EDC), même si le règlement aux échéances fixées ne suit pas.
“Est-ce qu’il y a des droits d’eau qui sont dus ? la réponse est oui. Pourquoi ces droits d’eau ne sont-ils pas payés ? Il y a des déséquilibres financiers structurels dans le secteur […] Notre mission en 2022, c’est d’avoir des solutions pérennes, pour que quand une entité publique consomme de l’électricité, quelle que soit cette entité, que ses factures soient payés; quand de l’argent ou des compensations tarifaires doivent être fournies à Eneo, qu’elles soient énoncées à temps et réglées à temps”, a commenté un responsable d’Eneo sur Energies Media en février.
C’est la mission dans laquelle une partie de l’action du Belge Patrick Eeckelers va certainement se situer, les administrations et entreprises publiques étant régulièrement accusées par Eneo de traîner dans le paiement de leurs importantes factures.
Le nouveau DG va également devoir gérer, en synergie avec tous les acteurs, une bonne offre d’électricité aux consommateurs dans un contexte où les rationnements deviennent de plus en plus réguliers et décriés par les consommateurs.
Eneo a les droits pour la distribution et la commercialisation de l’électricité au Cameroun jusqu’en juillet 2031.
Malgré son départ de la direction générale d’Eneo, Eric Mansuy travaille toujours au sein d’Actis. Sur son profil professionnel LinkedIn, le dirigeant a mis à jour son statut, soulignant avoir désormais un rôle d’administrateur au sein d’Eneo.
Le capital de la société est constitué par l’Etat du Cameroun (44%), le personnel d’Eneo par le biais du le biais du GIC-P Eneo (05%) et Cameroon Power Holdings, société représentant Actis, qui détient la participation majoritaire (51%).