Cameroun: le prêt chinois du projet hydroélectrique de Bini à Warak pourrait être débloqué “dans un horizon proche” (Minee)




Signé depuis 2016, il est bloqué pour défaut croisé du Cameroun auprès de la banque chinoise ICBC

 

Des incertitudes pèsent encore sur la réalisation du projet hydroélectrique de Bini à Warak (75 MW) dans l’Adamaoua, mais le gouvernement camerounais a bon espoir que le différend avec la banque chinoise Industrial and Commercial Bank of China (ICBC)  – qui finance – sera levé “dans un horizon proche”. La construction a été confiée au chinois Sinohydro et l’ouvrage doit permettre d’améliorer la desserte en électricité dans les trois régions du septentrion (Nord, Extrême-Nord, Adamaoua).

“Pour l’instant, ce projet connaît des difficultés du fait de la suspension du financement par le partenaire financier chinois ICBC depuis novembre 2019, bien que le gouvernement ait d’ores et déjà honoré ses conditions préalables, notamment les paiements des 23 milliards [de F CFA, NDLR] au titre des conditions de mise en vigueur du prêt. Mais, nous avons bon espoir que les travaux de ce barrage vont reprendre dans un horizon proche, étant entendu que les négociations devant aboutir à la finalisation du financement de ce projet ont repris entre le partenaire financier et l’Etat du Cameroun à travers le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire [Minepat], a déclaré le ministre camerounais de l’Eau et de l’Energie Gaston Eloundou Essomba, au cours d’une conférence de presse organisée à Yaoundé en fin de semaine dernière. 

Le même ministre avait précisé aux députés en juin 2021 que le prêt de 303 millions de dollars (environ 181 milliards de F CFA), signé entre le Minepat et la Chine pour Bini à Warak en juillet 2016, était bloqué pour défaut croisé du Cameroun envers la République populaire de Chine. 

Le défaut croisé est une disposition prévoyant qu’en cas de défaillance d’un emprunteur sur l’une de ses dettes, cette dernière enclenche automatiquement un défaut sur toutes les autres dettes détenues par le même prêteur. Cette disposition protège le prêteur, lui permettant de prendre des mesures immédiates pour éviter des défauts sur d’autres titres de créance. 

Dans son rapport sur les Perspectives économiques en Afrique 2021 publié en mars de l’année dernière, la Banque africaine de développement (BAD) affirmait que la Chine détenait 61,3 % de la dette bilatérale du Cameroun, soit 27,4 % de sa dette totale. D’après la Caisse autonome d’amortissement du Cameroun (CAA), la dette totale du pays d’Afrique centrale était évalué à 10 164 milliards de FCFA au 30 septembre 2020, l’équivalent de 45,8% de son produit intérieur brut (PIB).

Au cours d’une visite effectuée au Cameroun en janvier 2019, le directeur du Bureau de la Commission des Affaires étrangères du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), Yang Jiechi, avait indiqué au chef de l’Etat camerounais Paul Biya que la partie chinoise consentait à l’annulation de la dette non remboursée liée aux prêts intergouvernementaux sans intérêt du Cameroun envers la Chine avec échéance à fin 2018. Cette décision, qui avait été médiatisée, n’avait pas précisé les montants.

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