Cameroun: le choix d’Eneo de limiter l’utilisation des centrales thermiques conduit Gaz du Cameroun à se séparer de son plus gros client




L’approvisionnement en gaz naturel de la centrale de Logbaba étant suspendue depuis septembre 2019 et ayant constaté une accumulation de la dette d’Eneo, Gaz du Cameroun a décidé, début juillet, de mettre un terme à son contrat avec le distributeur d’électricité du Cameroun, évoquant une ardoise de 16 millions de dollars. Pour Eneo, le gaz coûte cher

 

 

Victoria Oil and Gas (VOG), maison-mère de Gaz du Cameroun (GDC), a annoncé, le 03 juillet dernier, la résiliation de l’accord de fourniture de gaz à Eneo pour l’approvisionnement de la centrale thermique de Logbaba (30 MW).

VOG évoque une ardoise de 16 millions de dollars (dont 09 millions de dollars net pour GDC dans l’association exploitant le projet Logbaba) à fin juin 2020, qu’elle espère recouvrer par toutes “les voies légales à sa disposition”.

Dans les faits, l’approvisionnement d’Eneo en énergie à Logbaba (Littoral) est suspendue depuis le 14 septembre 2019 mais la société a continué à être facturée par GDC, même sans fournir de gaz, sur la base d’une clause “Take or pay” (mécanisme par lequel le vendeur garantit la livraison d’une certaine quantité de gaz et l’acheteur le paiement du prix, qu’il en prenne livraison ou non) contenue dans le contrat de vente et d’achat de gaz signé entre les deux entités.

La centrale thermique de Logbaba est exploitée par Altaaqa Alternative Solutions Projects DWC-LLC et le combustible (gaz naturel) fourni par GDC.

Eneo a été partenaire de GDC pour la centrale depuis avril 2015. L’approvisionnement a cependant souvent continu des interruptions. En 2018 par exemple, Eneo avait cessé d’utiliser l’infrastructure, évoquant une énergie coûteuse par rapport à sa situation financière. Lors de la reprise des approvisionnements en décembre 2018, GDC avait consenti à réduire le tarif de son gaz, le fixant entre 6,75 dollars américains et 6,95 dollars par million de Btu (MMBtu, million British thermal units), contre 7,5 USD au 31 décembre 2017 et 9 USD/MMBtu auparavant. Les accords définitifs et les garanties de paiement de cette entente devaient être formalisées au 31 janvier 2019, mais VOG indique, dans sa note d’information du 03 juillet 2020, que ces éléments n’ont pas vu le jour.

A Eneo, les centrales thermiques sont perçues comme des centrales d’appoint. Le distributeur de l’électricité avait déjà indiqué à Energies Media, il y a deux ans, que le gaz lui coûtait “cher” par rapport à l’hydroélectricité et qu’il mettait ainsi beaucoup d’espoir dans la mise en service du barrage de Memve’ele.

La puissance installée du barrage (211 MW) n’est pas encore complètement exploitée, mais l’utilisation d’une partie de l’énergie de Memve’ele a déjà conduit Eneo à “arrêter définitivement l’utilisation des centrales thermiques d’Ebolowa, de Mbalmayo, d’Ahala et d’Oyomabang, qui renchérissent le coût de production de l’électricité”, selon un communiqué du ministre camerounais de l’Energie transmis à Energies Media le 09 juillet.

Pour Eneo donc, cesser d’utiliser la centrale à gaz de Logbaba devrait donner au distributeur de l’électricité un bol d’air.

Pour GDC, cela va grever considérablement les revenus étant donné qu’Eneo, à travers la centrale de Logbaba, absorbait plus de la moitié des ventes de gaz. La dette de la filiale de l’investisseur britannique Actis mettait cependant “la trésorerie de l’entreprise [GDC] sous pression”, a commenté Roy Kelly, DG de la filiale de VOG.

Le champ gazier Logbaba est un champ onshore (à terre) situé dans la région du Littoral et en production depuis 2012. Gaz du Cameroun y produit du gaz naturel qu’il distribue à “une trentaine de clients industriels” à Douala, via un pipeline d’environ 50 km (49,6 km précisément) qui dessert les zones industrielles de Bassa et Bonabéri.

L’association mise sur pied pour le volet amont (exploration-production) à Logbaba comprend: GDC, opérateur avec une participation de 57%; la compagnie américaine RSM (38%) et la Société nationale des hydrocarbures du Cameroun (SNH) qui détient une participation de 5%.

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