Le chantier de 75 MW dont la livraison était attendue en 2018 est au point mort. L’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) refuse de débloquer l’avance de démarrage des travaux, arguant du non-paiement de la part attendue du gouvernement camerounais. Ce que ce dernier conteste, soutenant avoir réglé 22 milliards de F CFA (33,5 millions d’euros) à cet effet
La région de l’Adamaoua attend désespérément l’érection du barrage hydroélectrique de Bini à Warak (75 MW), près de cinq années après la signature d’une convention de financement avec la Chine pour le projet. Pour débloquer l’avance du démarrage des travaux, le partenaire financier chinois exigerait au Cameroun une contrepartie que le gouvernement dit avoir déjà payée.
Les travaux sont à l’arrêt depuis novembre 2019, a confié le ministre camerounais de l’Eau et de l’Energie (Minee) Gaston Eloundou Essomba aux députés le 28 juin.
Le partenaire financier, la banque chinoise Industrial and Commercial Bank of China (ICBC), doit notamment fournir à l’entreprise chinoise Sinohydro l’avance de démarrage.
Par rapport à la convention, le Minee explique que le Cameroun devait assurer les frais de couverture de la prime d’assurances et autres frais de mise en vigueur du prêt. Pour cela, l’Etat a mobilisé 22 milliards de F CFA (environ 33,5 millions d’euros) à cet effet, d’après le Minee. L’entrée en vigueur de la convention de financement est toutefois toujours bloquée par ICBC, vis-à-vis d’attentes que le gouvernement camerounais estime pour sa part avoir honorées. « Le motif de cette suspension serait le non-paiement à date de certaines échéances de la dette du Cameroun vis-à-vis de la République Populaire de Chine, le mettant de ce fait en situation de défaut croisé selon la banque », a déclaré Gaston Eloundou Essomba devant les députés. De multiples concertations pour débloquer le financement ont eu lieu entre Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) et le gouvernement, à travers le ministère de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire (Minepat), sans succès pour l’instant.
D’autres types de médiations ont aussi été menées, y compris la “diplomatie parlementaire”, sans résultat pour la partie camerounaise.
Historique
Le gouvernement camerounais avait signé, en juillet 2016, une convention de financement avec la Chine, en vertu de laquelle cette dernière s’engageait à accorder 303 millions de dollars (environ 181 milliards de F CFA) au Cameroun pour la construction du barrage hydroélectrique de Bini à Warak dans la région de l’Adamaoua. Le Cameroun pour sa part devait fournir 15% des 356 millions de dollars représentant le coût total du barrage, au titre des fonds de contrepartie. Au moment de la signature de l’accord, le barrage de Bini à Warak devait être livré au quatrième trimestre 2018 pour aider à combler le déficit d’offre d’énergie électrique dans les trois régions du septentrion (Adamaoua, Nord, Extrême-Nord).
Le contrat des travaux de l’entreprise chinoise Sinohydro a cependant été signé le 02 septembre 2019.
A l’heure actuelle, seuls les “travaux préparatoires” ont été réalisés par Sinohydro, ce qui correspond entre autres à la construction des voies d’accès au site, la construction des logements et bureaux pour le personnel chinois et camerounais, la construction des dépôts de carburants, garage et magasins, de même que « les travaux d’excavation de la partie gauche de l’emprise de la digue gauche. »