Le pays d’Afrique centrale émet d’importantes quantités de carbone dans l’atmosphère en raison d’un recours régulier au brûlage de gaz sur ses puits, d’après cet article publié dans la revue américaine Science le 31 août
Le Cameroun occupe le troisième rang (sur 50) des pays dont l’exploitation pétrolière produit le plus de carbone avec une estimation comprise entre 18 et 20 g équivalent CO2 par mégajoule de pétrole (un indicateur permettant de représenter la production de gaz à effet de serre rapporté au pouvoir calorifique du pétrole), selon une étude publiée par 25 chercheurs de l’université américaine de Stanford dans la revue scientifique Science le 31 août.
L’article, intitulé “Global carbon intensity of crude oil production” (Intensité carbone globale de la production de pétrole), présente l’Algérie comme le pire élève au monde avec 20,3 g équivalent CO2 par mégajoule de pétrole.
Les émissions de GES dans ces pays sont liées aux conditions de production du brut. Le processus de production, de transport et de raffinage du pétrole produit entre 15 et 40% des émissions totales du secteur des hydrocarbures, si l’on prend en compte tout son cycle de vie, du forage à la combustion, selon l’étude. La majorité de ces émissions provient cependant du torchage du gaz (flaring en anglais), responsable de 22% des émissions amont, d’après ces scientifiques.
Le gaz présent dans les puits de pétrole est souvent brûlé par les opérateurs lorsque les activités sont menées en mer et qu’il n’existe pas d’installations proches de traitement (liquéfaction, compression) ou de transport du gaz (gazoducs) vers des centrales électriques ou des unités industrielles. Et lorsqu’il est brûlé, le gaz rejette du CO2 et du méthane dans l’atmosphère; ce dernier composant ayant un potentiel de réchauffement global 28 fois plus élevé que le CO2.
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Les chercheurs de l’université de Stanford recommandent de faire “quelque chose d’utile” avec le gaz au lieu de le brûler: le réinjecter dans le sol, le convertir en gaz naturel liquéfié ou installer des gazoducs pour l’acheminer aux clients.
L’article, rédigé avec des données de l’année 2015, a pris en compte diverses sources: sources gouvernementales, littérature scientifique, rapports publics techniques de compagnies pétrolières. Dans les pays où les statistiques du torchage de gaz étaient indisponibles – ce qui était fréquent – le travail a été mené avec des marges d’erreur à partir de données satellitaires de l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique (National Oceanic and Atmospheric Administration).
Les auteurs estiment qu’un grand nombre d’opérations de torchage de gaz ont lieu dans des pays où les problèmes environnementaux dans le secteur sont mal réglementés.
Les compagnies pétrolières internationales, d’après ces scientifiques, pourraient résoudre elles-mêmes les problèmes en appliquant les meilleures pratiques des pays où la réglementation a déjà encadré le torchage: en fixant des seuils d’émissions de carbone à partir de cette pratique ou en exploitant le gaz issu des puits à d’autres fins.