CEMAC: “la réglementation des changes s’appliquera à tous, y compris au secteur pétrolier” (Gouverneur BEAC)




Malgré les résistances des acteurs du secteur pétrolier, qui représentent 60% des exportations de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, le gouverneur de la BEAC reste ferme sur la nécessité de faire appliquer par tous les acteurs économiques la nouvelle réglementation des changes

 

Depuis plus de cinq ans, les sociétés pétrolières et la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) n’arrivent pas à s’accorder sur la mise en œuvre du règlement Cemac portant réglementation des changes en vigueur depuis le 1er mars 2019 après son adoption le 21 décembre 2018. Mais pour le gouverneur de la BEAC, la réglementation sera bien appliquée pour tous. 

Le règlement conditionne les opérations en capital sortant d’un certain montant dans la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) à une autorisation préalable de la Banque centrale. Il oblige également les entreprises actives dans la CEMAC à rapatrier leurs recettes d’exportations en devises. 

“Pour des négociations engagées depuis 2019, 2021, nous sommes à cinq ans de négociations sans suite. Les perspectives ne sont pas rassurantes. Nous pensons qu’à la prochaine assise qui réunit tous les ministres des Finances et les ministres en charge des Hydrocarbures, nous aviserons […] quant aux mesures qu’il faudra prendre. Mais d’ores et déjà, la réglementation des changes s’appliquera à toutes les entreprises, à tous les agents économiques, à tout le secteur pétrolier”, a déclaré le gouverneur de la BEAC le 17 juin à Yaoundé à l’événement Finance Week 2025. 

Des négociations avaient été initiées entre toutes les parties pour tenter de trouver une entente au 30 avril 2025, mais elle n’a pas eu lieu. Les sociétés du secteur pétrolier, qui représente environ 60% des exportations de la Cemac,  ont exigé de la BEAC qu’elle renonce à son immunité. La demande n’a pas été acceptée par la Banque centrale, qui estime que cela pourrait l’exposer à des poursuites et une saisie de ses avoirs, donc ceux des Etats. Pour l’institution, les contraintes rencontrées par les entreprises concernent l’appropriation de la réglementation, mais ne remettent pas en cause le bien-fondé du dispositif.

La mise en œuvre de la réglementation des changes dans la Cemac a permis de faire passer les rapatriements de devises de 6 201 milliards de FCFA en 2019 à 13 898 milliards de FCFA à fin 2024, selon les chiffres de la BEAC. Elle a aussi permis de relever les réserves de changes, qui permettent de couvrir actuellement 4,7 mois d’importations dans la Cemac. Yvon Sana Bangui estime que les réserves de change pourraient même atteindre 10 à 15 mois d’importation pour les pays producteurs de pétrole, si la réglementation est appliquée et suivie par tous.

Cette réglementation vise à donner plus de ressources financières pour le développement des Etats de la Cemac en luttant contre le blanchiment de capitaux, la fuite des devises, l’évasion fiscale et le financement du terrorisme. 

La Cemac compte six pays : le Congo, le Cameroun, la Centrafrique, le Gabon, la Guinée équatoriale et le Tchad.

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