Ce que signifie le passage du baril de pétrole brut US en territoire négatif




Le cours du WTI pour livraison en mai a fini en baisse 306% à -37,63 dollars le 20 avril, c’est à dire que les vendeurs proposent de payer les acquéreurs pour ce contrat

 

Les cours du pétrole ont considérablement reculé lundi, 20 avril, et le prix du baril de brut américain (West Texas Intermediate, WTI) est passé pour la première fois de l’histoire en territoire négatif, un mouvement alimenté par des perspectives économiques déprimées et par la quasi-saturation des capacités de stockage aux Etats-Unis.

Le cours du WTI pour livraison en mai a fini en baisse 306% à -37,63 dollars, c’est à dire que les vendeurs proposent désormais de payer les acquéreurs pour ce contrat.

Le baril pour livraison en juin a quant à lui cédé 18% à 20,43 dollars tandis que le Brent de la Mer du Nord à même échéance a fini en baisse de 5,22% à 29,93 dollars traduisant le déséquilibre persistant entre l’offre et la demande. Une différence aussi monumentale entre ces deux contrats à terme – le baril pour livraison en mai et le baril pour livraison en juin – s’explique par les paris des acteurs du marché et des spéculateurs. Quand ils achètent un de ces contrats, ils s’engagent à le livrer physiquement à un prix et à une date déterminés à l’avance.

Le contrat de mai du West Texas Intermediate expirant mardi à la clôture, les investisseurs possédant des barils sont confrontés à un dilemme : les vendre physiquement ou les stocker afin de les livrer plus tard.

Or les réserves américaines de pétrole ont énormément augmenté au cours des dernières semaines, rendant le stockage plus difficile et plus onéreux.

Selon les derniers chiffres en date de l’EIA, l’agence fédérale américaine d’information sur l’énergie, les stocks de brut aux Etats-Unis ont augmenté de 19 millions de barils en une semaine, une hausse sans précédent, pour atteindre 503 millions de barils.

Et on estime à 160 millions de barils, un record et deux fois plus qu’il y a deux semaines, la quantité de brut stockée à bord de pétroliers stationnés au large en attendant une hypothétique remontée des cours.

« Comme la production reste relativement peu touchée, les stocks augmentent de jour en jour. Le monde consomme de moins en moins de pétrole et les producteurs réalisent désormais que cela doit se traduire dans les cours », explique Bjornar Tonhaugen, responsable des marchés pétroliers au cabinet d’études spécialisé Rystad.

Parallèlement, la plupart des analystes jugent les baisses de production décidées récemment par les pays de l’Opep et leurs alliés, qui représentent 20 millions de barils par jour (bpj), insuffisantes pour compenser l’effondrement de la demande, estimé à 30 millions de bpj, soit quelque 30% de la consommation de la planète.

La baisse de plus de 60% du prix du baril depuis janvier compromet la rentabilité de nombreuses compagnies pétrolières, notamment dans le pétrole de schiste en Amérique du Nord, ce qui se traduit par des fermetures de puits et des coupes dans les investissements.

Ce mouvement se répercute sur l’ensemble du secteur: le géant américain des services parapétroliers Halliburton a annoncé lundi une perte d’un milliard de dollars et dit s’attendre à une poursuite de la baisse de son chiffre d’affaires et de sa rentabilité.

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